La lecture est une grande cause nationale jusqu'à l'été 2022. Des initiatives destinées à favoriser l’apprentissage et la pratique de la lecture à tous les âges, et notamment par les collégiens et lycéens, sont menées. Avec Halloween, la saison se prête à la découverte (ou redécouverte) de contes, de légendes et d'histoires à faire peur d’autant que les sorcières et autres monstres sont à l’honneur de nombreux livres de jeunesse. C'est aussi l'occasion de partager un moment convivial pour lire et faire lire les élèves mais aussi pour stimuler leur inventivité et leur créativité.
« Qui a les chocottes ? »
Selon le dictionnaire le Robert, la peur est une « émotion qui accompagne la prise de conscience d'un danger, d'une menace ».
Le Larousse va plus loin en définissant la peur comme un « sentiment d'angoisse éprouvé en présence ou à la pensée d'un danger, réel ou supposé, d'une menace ».
Thème idéal, s'il en est, pour célébrer dans nos CDI, la fête d'Halloween, el día de los muertos ou encore la nuit de la lecture, la peur est un élément souvent abordé en littérature jeunesse.
La fête d’Halloween, souvent marquée dans les familles, avec celle de Noël, est un événement incontournable auprès des élèves. L’intérêt pour cette occasion peut s’expliquer par le fait que de 7 à 77 ans nous aimons nous faire peur.
Une des missions du professeur-documentaliste est de participer activement à la promotion de la lecture et mettre en place des dispositifs et des projets en sa faveur. Utiliser un moment largement médiatisé comme celui d’Halloween ou El dia de los muertos au Mexique en lien avec les enseignants d’espagnol permet d’éveiller la curiosité des élèves.
Mais pourquoi aimons-nous tant nous ficher la frousse ?
Les peurs enfantines font partie intégrante du développement de l'enfant, ces peurs psychiques, reliées à l'imaginaire, sont donc un passage obligatoire.
Pour nos élèves, l'enfance est encore toute proche mais de nouvelles inquiétudes apparaissent, relatives aux bouleversements inhérents à l'adolescence mais aussi à la rivalité entre quête d'autonomie et besoin toujours important de sécurité.
Parfois la peur devient envahissante et peut nous faire perdre nos moyens.
Lire des histoires effrayantes, angoissantes, terrifiantes peut permettre à nos élèves de mieux se les approprier et d'en faire émerger un pouvoir imaginaire considérable (cf C. Poslaniec)
Alors que lire ?
Les contes représentent toujours de formidables espaces symboliques de la peur.
Qui n'a pas tremblé pour le petit Poucet, le Chaperon rouge ou encore la femme de Barbe bleue ?
Les contes sont des valeurs sûres pour faire émerger les peurs réelles et imaginaires, envahissantes ou floues de tout être humain, telles que la peur de l'abandon, de se faire « manger », de mourir...
Lire des histoires à voix haute au CDI permet d'aller explorer ses peurs ensemble. Les élèves ne sont pas seuls pour rencontrer et dépasser leurs peurs. Apprivoiser leurs angoisses ensemble les rend plus forts.
De son côté, le genre fantastique, sombre et dérangeant, fait émerger dans un monde réel un élément surnaturel, parfois inexplicable.
Ainsi les maîtres du genre tels que Théophile Gautier, Guy de Maupassant ou encore Edgar Allan Poe sont, grâce à leurs récits, de formidables vecteurs de la peur.
Néanmoins en lecture à voix haute, ces textes peuvent contenir des phrases trop longues et complexes ainsi qu'un vocabulaire daté pour produire un effet sur nos élèves. J'avais en effet lu l'extrait de Mary Shelley dans lequel Frankenstein prend vie. Ce texte est resté sans effets auprès des jeunes élèves. Ce texte est plus adapté aux élèves de 3e et lycée.
En revanche, les vampires et les fantômes sont constamment revisités et remportent toujours un grand succès. Anthony Horowitz, David Almond, Patrick Ness, Jacques Sternberg, J.K. Rowling ou encore Joseph Delaney sont des valeurs contemporaines sûres. (voir bibliographie)
Evelyne Brisou-Pellen, dans le Manoir, aborde la mort et l'étrange à travers les aventures d'un jeune garçon, pensionnaire dans une institution mystérieuse, qui réalise finalement qu'il est mort, mais poursuit ses aventures pour accéder enfin à l'au-delà.
Pour les lectures à voix haute au CDI, lire le début d'un roman peut s'avérer intéressant, car les élèves pourront utiliser leur imagination pour la suite et il y aura toujours au moins un élève susceptible d'emprunter le livre pour en connaître la fin.
Quant aux nouvelles et récits brefs, choisir la durée de lecture n'est pas anodin. En effet, trop courts, les récits vont empêcher les élèves de s'imprégner de l'ambiance et d'être tenus en haleine. Préférer des lectures qui durent de 25 à 40 min.
Enfin, penser à bien adapter les récits à la sensibilité des auditeurs.
Objectifs du professeur-documentaliste
Donner ou redonner le goût de lire, encourager à la lecture et donner envie d'emprunter un livre :
Aménager le CDI, et scénariser la présentation d’ouvrages sur le thème d’Halloween, mettre en lumière des documents et les théâtraliser, et ainsi construire une médiation spatiale, partager un moment convivial autour de la lecture et l’écriture.
Ouverture culturelle :
évoquer la tradition d'Halloween par exemple, et en connaître les origines culturelles, échanger sur cette thématique avant ou au retour des vacances de Toussaint.
Maîtrise du langage :
donner envie d’écrire et d’inventer une histoire, construire un scénario pour le partager et le publier sur l’ENT. Développer le vocabulaire.
Enseigner l'information documentation :
solliciter la participation d’élèves pour utiliser la base documentaire et préparer une sélection thématique.
Valoriser l'oral :
éveiller la curiosité et susciter les questionnements, favoriser le dialogue,
permettre aux élèves d'offrir une lecture à voix haute.
Faire participer les élèves :
pour mettre en place une exposition, choisir des ouvrages, lire, écrire une histoire et la publier sur l'ENT.
Quelles activités ?
- demander l'aide des élèves pour fabriquer et/ou mettre en place la décoration, sélectionner les ouvrages en utilisant e-sidoc ou PMB, utiliser la signalétique pour sélectionner les ouvrages sur les rayonnages, ainsi rendre les élèves acteurs au sein du CDI, et apprendre sans en avoir l’air l’info-documentation,
- proposer l’écoute de nouvelles angoissantes dans une salle obscure à la lumière d’une lampe frontale,
- écrire une nouvelle à faire peur à partir d’un dé et d’un tableau à double entrée. Proposer une phrase à partir d’un mot (choix du lieu, un moment dans la journée, un personnage, un objet, … et un épilogue), inventer une histoire à plusieurs et la publier sur l’ENT.
Deux exemples à consulter sur l'ENT :
Collège Jean Monnet, Lire et écrire une histoire à faire peur !
À consulter : Au retour des vacances de Toussaint, faire du thème d'Halloween l'occasion de proposer des lectures à faire peur ! Ou comment inciter les élèves à développer leur créativité !
Collège Bétance de Muret, Une lecture dans le noir offerte toutes les heures !
À consulter Journée Frisson (+annexe 1)
Annexes :
- Journée frisson du 9/11/2021 au CDI :
1-Journée frisson au CDI.pdf (19.16 Mo)
- Histoire d’Halloween - « La photographie », nouvelle de Jacques Srernberg - « L'Escontid ou feu follet », Joseph Carrière (tradition orale du Quercy) suivi de Les feux follets, origine du phénomène et définition sur le site de Futura Sciences
2-Halloween-origine et feu follet.pdf (667.63 Ko)
- Frissons d’automne : inventons une histoire à faire peur
3-Écrire une histoire à faire peur.odt (158.35 Ko)
- Bibliographie
4-Biblio de la peur.pdf (97.25 Ko)
Article écrit par Angélique Auger et Christine Vertès