PISTES PÉDAGOGIQUES POUR UN ENSEIGNEMENT HYBRIDE
Ces pistes ont été élaborées avec le groupe numérique de philosophie de Toulouse :
Fabrice Gallet, Webauteur
Michel Jeltsch
Nicolas Laurens, IAN
Dans la perspective d’une période de cours qui impliquerait une présence partielle des élèves en classe, nous proposons trois scénarios pédagogiques.
L’enjeu est de progresser avec tous les élèves en utilisant si possible 100% du temps, ou en s’en rapprochant, et non 50%. Car s’il s’agit de refaire le même cours une semaine sur deux, ou une heure sur deux, il n’y pas besoin d’élaborer un protocole particulier.
Le problème est de ne pas multiplier par deux la charge de travail de l’enseignant, ce qui suppose qu’on admet que le travail à distance a une valeur égale au travail en classe. Or cela n’a pas été le cas durant l’expérience du confinement. Ce point devrait être clarifié à l’avance pour ne pas rendre inutile un tel dispositif et motiver les élèves.
SCÉNARIO 1 :
Les classes sont divisées en demi-groupes qui viennent au lycée une semaine sur deux. Deux cas de figure : les 2h (TST) ou 4h (TG) ont le même statut, ou bien les 2h (TST) ou 4h (TG) ont un statut différent, la moitié est sur le mode leçon, l’autre moitié sur le mode travail sur des textes ou d’une œuvre. Cela ne change pas radicalement les dispositifs envisageables.
Nous suggérons une formule du type « classe inversée ». Cela signifie qu’un document préparatoire à la séance est envoyé ou distribué aux élèves en amont du cours, avec pour consigne de le lire et éventuellement de répondre aux questions posées.
Ce document préparatoire peut être de trois ordres : ou bien un cours de quelques pages, ou bien un ou plusieurs textes avec des questions, ou bien un mixte des deux premiers.
S’il s’agit d’un cours, on peut demander aux élèves de remplir un simple QCM, ou quelques questions qui supposent la lecture du cours, ou d’écrire un paragraphe argumenté.
S’il s’agit de textes, ils sont toujours accompagnés de quelques questions.
Les documents sont travaillés par toute la classe. Les élèves en présence retravaillent le document avec leur professeur, qui s’assure de sa juste compréhension et développe en fonction des questions des élèves.
Le professeur envoie aux élèves absents une synthèse des questions et réponses abordées en présence. Cette synthèse peut faire l’objet d’un document collaboratif mis au point avec les élèves en présence et auquel les élèves absents ont accès en direct (s’ils le souhaitent). En tout cas, cela réduit le risque d’un délai d’envoi si le professeur était empêché. Cela réduit aussi la charge du professeur. Les élèves absents peuvent compléter le document pendant leur semaine d’absence, poser de nouvelles questions, qui seront reprises en présence lors de la semaine suivante. De cette manière, tout le monde a avancé à peu près en parallèle.
Une autre manière de restituer le travail en présence peut être, pour le professeur, de fabriquer des capsules vidéo courtes, à destination des élèves absents. Mais les élèves peuvent aussi participer à l’élaboration de ces capsules vidéo. On peut confier leur réalisation à un petit groupe (maximum 4 ou 5 élèves). Cela peut faire l’objet d’un exercice pour l’oral, on fait donc d’une pierre deux coups.
SCÉNARIO 2 :
Les classes sont divisées en demi-groupes qui n’ont chacun que la moitié de leur horaire hebdomadaire. L’idée est de maintenir un lien entre les deux groupes pour créer un peu d'émulation et renforcer la continuité des apprentissages malgré l'alternance présentiel/distanciel. On suppose que le cours n’est pas répété pour chaque demi-groupe, mais que ce qui est fait en présence par un demi-groupe est aussitôt transmis à l’autre demi-groupe.
Cela peut se faire de plusieurs manières.
Il est possible de demander à des élèves de chaque groupe en présence de tenir un cahier de textes en temps réel sous forme de document collaboratif. 2 ou 3 élèves sont désignés à chaque fois.
On peut aussi, en complément, ouvrir un "mur de questions" en ligne (là encore sous forme d’un document collaboratif), sur lequel les élèves en distanciel posent des questions au sujet des difficultés qu'ils rencontrent ou bien des questions adressées à la classe en présentiel en les mettant au défi de clarifier certains points pour lesquels ils ont remarqué une difficulté. Le professeur jette un œil sur le mur de questions pendant le cours, comme on le fait sur un chat pendant une visioconférence. Il peut parfois répondre en direct, prévoir en tout cas d'avoir répondu aux questions avant la fin du dernier cours de la semaine (en consacrant éventuellement les dernières vingt minutes pour répondre avec la classe en présentiel).
On peut consacrer le début de chaque séance à la reprise de 2 ou 3 points importants de la semaine précédente (étudiés en distanciel) pour s'assurer que l'essentiel est compris. Le travail peut éventuellement être préparé par des élèves, à qui on demandera de le faire systématiquement, l'exercice donnant lieu à une évaluation.
On peut planifier aussi de temps en temps des exercices synchronisés entre les groupes en présentiel/distanciel, sur un document partagé (soit en salle informatique, soit avec un élève jouant le rôle de dactylographe pour la classe), avec éventuellement ouverture d'une visio ou audio conférence pour la reprise et les conclusions tirées de l'exercice. L'exercice pourrait également consister en un quiz, auquel tous participeraient simultanément avec un téléphone portable (ou un ordinateur), le professeur gérant le rythme de passage d'une question à la suivante.
Occasionnellement, on peut organiser (après avoir étudié un ensemble de textes appropriés) un débat sur une plateforme en ligne, entre les groupes en distanciel et présentiel (en leur attribuant différents rôles). On peut utiliser par exemple la plateforme kialo-edu.com (pas d'adresse mail nécessaire), pour mener le débat aussi bien de manière synchrone qu'asynchrone.
SCÉNARIO 3 :
Les classes sont divisées en deux groupes A et B sur une semaine.
Déroulement sur une semaine de 4 heures de cours pour une classe divisée en deux groupes A et B : |
|||
Groupe |
Modalité |
Activité |
Durée |
A + B |
Travail à la maison |
Exercices ou questions réalisés à partir d’un contenu |
1h |
A +B |
En classe virtuelle |
Reprise du travail réalisé à la maison et du contenu de cours |
1h |
A |
En présentiel |
Travail sur textes, audio ou vidéo |
1h |
B |
En présentiel |
Travail sur textes, audio ou vidéo |
1h |
A+ B |
En classe virtuelle |
Mise en commun Approfondissement et synthèse des acquis |
1h |
Points forts :
- Toute la classe avance au même rythme.
- Pas de surcharge massive de travail pour l'enseignant.
- Les textes étudiés avec chaque groupe peuvent être différents afin de permettre une confrontation des thèses lors de la mise en commun en classe virtuelle.
Points faibles :
- 3h de cours par élève dont une seule en présentiel.
- Cette faiblesse pourrait être compensée par un regroupement de deux classes pour les cours en virtuel ce qui libérerait deux heures de plus en présentiel.
OUTILS NUMÉRIQUES NÉCESSAIRES POUR CES ACTIVITÉS :
- Google forms
- Kialo.edu
- Padlet
REMARQUE GÉNÉRALE SUR LA PLACE DU NUMÉRIQUE À L’AVENIR
Même si, comme nous le souhaitons tous, un enseignement hybride au sens strict n’est pas nécessaire à l’avenir, il reste que l’expérience de l’enseignement à distance pendant le confinement a fait apparaître une chose : certains élèves se sont révélés pendant cette période, et ont assumé un rôle plus actif à distance, avec les outils numériques, que dans la classe et en présence. Un très grand nombre d’enseignants ont fait ce constat et en ont été très surpris.
Dans ces conditions, continuer à solliciter les élèves avec des activités numériques en complément du cours en présence semble être vraiment utile car cela permettra à cette catégorie d’élèves de prendre plus rapidement leur place dans le cours et d’exploiter au mieux leurs possibilités. Il ne s’agit pas d’obliger les enseignants à utiliser ces outils mais de leur exposer l’intérêt d’y recourir. Il est possible de le faire au niveau académique, mais cela pourrait aussi avoir du sens, en tant que retour d’expérience, au niveau national.