La plausibilité est une compétence de l’exercice de l’esprit critique qui consiste à utiliser ses connaissances pour évaluer la crédibilité de l’information (confère les travaux du groupe « GT8 esprit critique » du Conseil Scientifique de l’Éducation Nationale https://www.reseau-canope.fr/conseil-scientifique-de-leducation-nationale-site-officiel/groupes-de-travail/gt8-developper-lesprit-critique.html).
Cette compétence peut être travaillée dès la 6° en incluant les images à fonction épistémique - dont la fonction est d'informer) - générées par l’intelligence artificielle.
Celle-ci permet de générer des images qui informent mais dont l'intention est de divertir et de créer de l’« extra-ordinaire ».
Prérequis de la séance
Connaître la définition de pertinence de l'information
Savoir évaluer la pertinence de l'information
Objectifs de la séance
• Connaître la définition de plausibilité de l’information.
• Savoir évaluer la plausibilité d’une image informative
• Savoir que l’IA génère des images dont il faut évaluer la plausibilité
• Savoir regarder une image
• Savoir prendre de la distance avec les émotions générées par des images divertissantes et/ou extraordinaires
Contexte
Élèves impliqués : 103 élèves de 6°
Professeurs impliqués : professeure documentaliste
Handicap : fiche écrite en arial 12 pour les dyslexiques.
Compétences CRCN, EMI
Domaine | Compétence |
CRCN - Communication et collaboration | Partager et publier |
EMI, objectif 1 (notion : autorité) | Distinguer les types d’information (connaissance, actualité, divertissement, publicité). Utiliser des systèmes d’Intelligence Artificielle. Développer des documents multimédias Droit à l’image, droit d’auteur
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EMI – objectif 2 | Comprendre les principes du traitement algorithmique des informations des SIA.
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EMI-objectif 5 | Prendre conscience qu’une base de données des SIA peut contenir des images de soi |
EMI-objectif 6 | Mettre à distance ses émotions devant les images afin de les évaluer. Se questionner sur les malentendus et les manipulations de l’information en lien avec les images. Se questionner sur l’intention de publication d’une image . L’élève comprend que la qualification et l’intention de la source orientent le discours porté par un document. Il apprend lui-même à développer un point de vue personnel et à argumenter sur un sujet (distinction entre les arguments et les exemples) |
Déroulé
La notion de plausibilité est introduite par l’enseignant. L'importance d'acquérir de la connaissance est mise en valeur. La définition est écrite sur la fiche. Le « Ce qui a été dit » est rempli (cette partie reprend des notions vues précédemment : vitesse de pensée, suspension de jugement, pertinence de l’information).
Les élèves effectuent les exercices en autonomie puis la correction est réalisée en commun avec une argumentation demandée pour chaque réponse fondée sur leurs connaissances acquises en cours. Les élèves ont la possibilité de relire les cours précédents si nécessaire.
Pour l’exercice 3, les images ne sont pas présentées comme générées par l'intelligence artificielle. Il est expliqué aux élèves que la plausibilité ne concerne pas que les textes mais également les images qui les entourent : dans la presse, la télévision, les vidéos en ligne, les réseaux sociaux, les sites Web. Une fois que les élèves ont répondu sur leur fiche, la correction est réalisée en commun en recentrant toujours les réponses sur leurs connaissances : "d'après mes connaissances...". Certains élèves vont répondre que c'est possible.
La plausibilité ne prend pas en compte ce qui est possible mais ce qui correspond aux connaissances que nous avons sur le sujet présenté. La première image par exemple, représente un parc d'attraction sous la tour Eiffel. Il est possible qu'un jour, il y en ait un mais, aujourd'hui, d'après mes connaissances, il n'y a pas de parc d'attraction sous la tour Eiffel. Les élèves vont appréhender les images avec des émotions positives.
L'évaluation de la plausibilité de ce qu'elles représentent va permettre de prendre de la distance avec ses émotions (exercice de son esprit critique), à condition de laisser du temps aux élèves pour regarder attentivement les images.
Après la correction, l’enseignant présente les images comme étant des images générées par des outils d'intelligence artificielle à partir de plusieurs images enregistrées dans des bases de données (cette séance n’a pas pour objectif de comprendre comment fonctionne l’intelligence artificielle). L'enseignant insiste sur l’importance d’évaluer la plausibilité des images qu’ils voient au quotidien, y compris celles qui génèrent des émotions positives car divertissantes, afin d’exercer son esprit critique avant de les partager.
Évaluation
Une évaluation est programmée pour le cours suivant sur la plausibilité de l’information texte et image. L’image choisie est une image informative dont l’intention est de divertir, générée par l'intelligence artificielle.
Elle est projetée au vidéoprojecteur afin que les élèves aient l’image en couleur et en meilleure définition que sur la photocopie papier.
Analyse réflexive sur la séquence
L’image proposée lors de l’évaluation est simple : elle représente un bébé sautant en parachute et semblant s’amuser, sans peur apparente. Pourtant, seulement 50,5 % des 6° (103 élèves ont fait l’évaluation) ont su regarder l’image et voir que le bébé saute en parachute. Beaucoup d’élèves ont vu un bébé qui vole, d'autres ont répondu qu'on n'a pas le droit de survoler Dubaï, d’autres se sont focalisés sur l’idée que le bébé se prend en selfie. Si les élèves n’ont pas les codes (ici, reconnaître que le bébé saute en parachute, qu’il ne se prend pas en selfie) comme le confère le modèle des fonctions du langage de Jakobson, ils ne pourront pas évaluer la plausibilité des images, qu'elles soient générées ou non pas une intelligence artificielle.
Il est donc important d'inclure les images dans les séances en éducation aux médias et à l’information (EMI) et de ne pas se focaliser uniquement sur l'information textuelle. Nous devons participer à l'apprentissage du regard de nos élèves.
Ressources
Une séquence proposée par Aline Bousquet, professeure documentaliste au collège Madeleine Cros.