Interagir à distance pour nouer un rapport vivant à la langue-culture (Durr, 2016)
Accroche
Moyens de communications actuels et projets d’échange à distance: quel impact sur l’apprentissage d’une langue étrangère en classe de primaire ?
Problématisation
En quoi la présence de technologies numériques avancées permet à des élèves de l’école primaire d’apprendre une langue étrangère en interagissant dans des situations de co-présence et en menant des activités allant au-delà de la didactique “traditionnelle” via des “projets d’échange à distance” (PEaD) ?
Synthèse de l’article
Dans cet article, l’auteur nous rappelle que la correspondance scolaire à distance pour des apprenants d’une L2 avec des locuteurs natifs de cette L2 est un modèle d’apprentissage qui est efficace dans le domaine de l’apprentissage des langues, mais qu’il est aussi très peu utilisé par les enseignants de primaire.
Anne Durr fait référence aux projets d’échanges à distance menés à l’école primaire (‘’PEaD’’), qui sont des dispositifs d’échanges où les apprenants doivent coopérer (division des tâches entre les apprenants) et collaborer (activités en groupe qui permettent à chaque apprenant de progresser individuellement) pour que l’autre progresse. Leur but est de créer et de maintenir un lien social entre les deux classes qui participent au projet. C’est grâce au contact et à l’échange avec une autre culture que l’apprenant pour s’approprier véritablement les savoirs, savoir-faire et savoir être de cette autre culture dans le cadre scolaire.
Elle a donc mené une enquête exploratoire. En analysant les réponses données par des enseignants de primaire, elle constate que la grande majorité n’a jamais participé à un projet d’échange à distance et il est fortement ancré chez eux que la correspondance à distance se fait majoritairement à l’écrit. On peut aussi constater qu’un grand nombre n’a pas recours à la communication à distance en synchrone à cause du matériel à leur disposition qui n’est pas adapté.
Elle a également recueilli les représentations des acteurs avant le lancement des PEaD. Les enseignants souhaitent tenir compte de la médiation des élèves dans l’élaboration d’activités pour le projet. Les apprenants, quant à eux, s’identifient comme acteurs et se projettent dès le départ dans une relation d’entraide.
Les projets sont mis en œuvre par des classes française et britanniques. Les deux groupes classes communiquent en synchrone lors de vidéoconférence. Les classes française et britannique animent les vidéoconférences chacune leur tour. La communication semble être fructueuse puisque les interlocuteurs travaillent et réagissent à partir de productions de leurs pairs. Ils apprennent et s’auto-corrigent entre eux. Il peut quand même être noté que le dialogue spontané est très rarement présent. En effet, en réponse à une demande des apprenants, chaque séance est préparé minutieusement à l’avance pour que les élèves ne se sentent pas démunis. Certaines activités permettent tout de même l’échange entre les deux groupes classes, même si ces échanges nécessitent de passer par la médiation des enseignants. Les apprenants restent tout de même en situation de transmission discursive.
Suite à ces expériences, on observe que l’aspect social des interactions est mis en avant. Les outils du numérique sont utilisés dans une perspective collective répondant à la pédagogie du projet. La langue joue un rôle d’outil de socialisation (entraide, apport d’information, transfert de savoir etc.).
Grâce à la médiation des élèves par eux-mêmes, l’accès à la langue et à la culture d’une L2 peut être effectué par un partage d’expériences et de connaissances.
Référence exacte de l’article (norme APA)
Durr, A. (2016). «Interagir à distance pour nouer un rapport vivant à la langue-culture». Les Cahiers de l’Acedle. Recherches en Didactique des Langues et des Cultures, 2016, 13-2.
https://journals.openedition.org/rdlc/859
Noms, prénoms des rédacteurs de la fiche
Swann ZASSO, Laura PUECHMAILLE - 2019-2020
Avis personnel
Cet article nous a paru intéressant car, bien que cela ne soit pas un dispositif sans failles ni défauts, l’idée de projet d’échanges à distance pourrait être aussi prolongée au-delà du CM2 et dans la continuité du cycle 3 (en 6ème), jusqu’en début de cycle 4 (5ème) pour consolider les bases acquises en primaire. Cette continuité jusqu’en début de cycle 4 peut être rendue possible grâce au fait que les apprenants soient encore dans une tranche d’âge qui rendra l’échange ludique pour eux, ainsi que le fait que les programmes imposés en cycle 3 et 4 soient encore assez larges pour réaliser cet échange sans contraintes particulières exigées par le socle commun et qui pourraient faire barrage.