La construction des communautés virtuelles via Facebook et son potentiel en classes de langues: enjeux et perspectives
Problématique
Dans quelle mesure les réseaux sociaux permettent-ils de développer un esprit de communauté en classe de langues étrangères ?
Synthèse de l’article
Les apprenants ont un holding power avec leur smartphone: à tout moment, ils peuvent collecter des informations, mettre en place une veille informationnelle, communiquer et apprendre. On peut les qualifier de natifs digitaux (Prensky, 2006) qui retirent du plaisir à apprendre par internet. Les outils de e-learning constituent donc une réponse à ce besoin de connectivité des apprenants. On distingue les outils technologiques classiques ou low tech variety (tableur, traitement de texte, présentation) qui sont plébiscités en majorité par les enseignants, des high tech applications, qui sont des outils de collaboration entre apprenants.
Facebook s’inscrit dans cette dernière catégorie puisqu’en tant que réseau, il est constitué d'une multitude de communautés (Social Network Communities) : on peut facilement créer ou être membre d’un groupe. Le travail dans ce cyberEspace est ainsi centré sur le partage, il favorise le développement de l’autonomie, le travail entre pairs ainsi que l’indépendance vis à vis de l’enseignant qui peut donner un exercice tout en laissant la responsabilité aux apprenants de rester en contact, réviser et discuter des exercices de manière autonome. De cette coopération se forme un “sense of community” qui agit comme moteur de relations positives, que ce soit entre apprenants ou entre apprenants et enseignants (Mazer et al. 2007, 45). Il a même été démontré que la motivation et le positivisme des apprenants d’une langue étrangère sont d’autant plus accrus dès lors qu’ils ont accès au profil Facebook de leur enseignants. Facebook s’imposerait alors comme outil de réussite pour l’apprenant qui s’autonomise et construit des savoirs de manière collective, tout en tissant des liens positifs avec l’ensemble des acteurs de la classe de langues. Ainsi, il est question de développer la compétence socio-pragmatique de l’apprenant, compétence essentielle pour interagir et communiquer en tant qu’acteur social tout en suivant des normes sociales et sociétales. Elle constitue de fait une composante élémentaire de la compétence communicative. En effet, Facebook permet d’amener les apprenants à établir des liens interculturels entre individus provenant de contextes sociaux-culturels différents et en cela, le réseau est un vecteur d’authenticité, contrairement à certains manuels scolaires qui sont définis comme n’étant pas une source fiable de documents authentiques. Cet outil numérique présente également d’autres potentiels pour l’exploitation pédagogique : il permet d’aider les apprenants à se rendre compte de l’existence de variations linguistiques et culturelles d’une langue ainsi que de favoriser la modulation de la langue en contexte (compétence socio-pragmatique). Cela aurait pour effet de réduire les difficultés en cas de prise de décision linguistique.
Pour conclure, Facebook serait un moyen d’utiliser la langue en contexte authentique et ainsi de développer la compétence socio-pragmatique des apprenants, tout en leur proposant un outil proche de leur culture et donc source de motivation. Il permettrait, enfin, de construire une psychologie positive telle que la création d’un sentiment de communauté en classe et donc d’entraide, qui permet de décentrer la position du professeur, qui n’est plus l’unique source de savoir.
Référence exacte de l’article (norme APA) : Moussa, A. (2018).
The construction of virtual communities via Facebook and their potential in language classes: Possibilities and perspectives. Jordan Journal of Modern Languages and Literatures, 10, 63‑76. https://www.researchgate.net/profile/Ahmad_Moussa2/publication/33118092…
Noms, prénoms des rédacteurs de la fiche
COLLET Edwige, REVEAULT Louise, MOLINA Alysée - 2019-2020
Avis personnel
Les réseaux sociaux sont un incontournable de la sphère de l’élève et est un élément proéminent de la vie en société actuelle. De ce fait, cet article met en exergue la nécessité de les considérer non pas comme un élément potentiellement perturbateur de l’enseignement ou comme extérieur au cours mais bel et bien comme un outil pédagogique. Il nous semble pertinent d’envisager les intérêts sociologiques (cohésion de groupe et communication essentiels en cours de langue) et motivationnels que présentent les réseaux sociaux afin de les intégrer à l’enseignement et en tirer des bénéfices, plutôt que de les bannir de la salle de classe.
