Accompagnement personnalisé

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Acompagnement personnalisé AP

 

Synthèse en une page sur l'Accompagnement Personnalisé 

Synthèse élaborée par le groupe de travail Arts Plastiques de l'académie de Toulouse réuni autour de l'IPR d'Arts Plastiques pour les Journées Réforme du Collège, mars 2015. (cf. document source)

Une analyse du concept

Derrière l’intitulé, beaucoup de notions, de réflexions, de questions et de complexités…

Ce document s’appuie sur l’intervention de Anne Vibert (I. G. Lettres), conduite dans le contexte de l’Université d’automne des cadres de l’académie de Montpellier en  octobre 2015 (cf. AP et différenciation pédagogique) et sur les textes qui lui ont permis de construire sa réflexion, L’Emergence de l’accompagnement, une nouvelle dimension de la formation, de Pascal Roquet (Maître de conférences en sciences de l'Education, Université de Lille I), et  Autour du mot Accompagnement, de Maëva Paul, tous deux parus dans le n° 62 de Recherche et Formation (2009) et consultables en ligne.

Ils ont constitué les supports à partir desquels la réflexion sur le sujet de l'AP a été menée lors des journées du 8 et 9 février 2016 sur la Réforme du collège par le groupe de travail académique en arts plastiques.

 

I- Analyse de l’intitulé : Accompagnement ? Personnalisé ?

A- Réflexions autour du terme Accompagnement

Le terme d’accompagnement est employé de nos jours partout, dans les champs de la santé, du travail, de la formation et désormais dans celui de l’éducation. En fait, il y a peu de domaines dans lesquels on n’accompagne pas aujourd’hui, qu’il s’agisse d‘insertion professionnelle et sociale, de création d’entreprise, de projet artistique et  même de fin de vie.

 

Qu’est-ce qui explique ce phénomène ?

L’explication est avant tout sociétale.

- Chronologiquement, les trois grands intégrateurs sociaux classiques, la religion, l’école et la famille, ont vu leurs rôles se réduire considérablement et leur déclin a suscité le développement accru des responsabilités individuelles et de la recherche d’autonomie (Le Bouedec G. (2002). La démarche d’accompagnement, un signe des temps, Éducation Permanente, n° 153, p. 15).

- Sur le plan de la vie privée, le modèle de la durabilité des liens conjugaux s’effrite, les chances de changer de partenaire s’accroissent depuis plus de trente ans (Dubar C. (2000). La crise des identités. L’interprétation d’une mutation, Paris : PUF coll. Le Lien Social. p. 57-94). « Le modèle de l’installation à vie, de la famille stable, des rôles appris une fois pour toutes et immuables, est en crise. Nul ne peut plus forcer l’autre à ne pas changer, nul ne peut l’enfermer à vie, dans une famille bastion sous peine d’exclusion » (ibid., p. 192).

- Sur le plan professionnel, les emplois, les carrières, qu’on pensait « pour la vie », sont de plus en plus temporaires et peuvent disparaître d’un jour à l’autre. Le modèle de carrière, centré sur le passage d’étapes successives et axé sur la réussite du parcours interne, s’effrite au profit d’un modèle de carrière plus flexible dans la sphère professionnelle (Dubar C., Tripier P. (1998). Sociologie des professions, Paris : Armand Colin, coll. U.).

Ce contexte sociétal, qui favorise l’individualité, encourage les démarches d’accompagnement : livré à lui-même, responsable de sa destinée, l’individu se trouve en nécessité de recourir à des relations de conseil, d’aide toujours prodiguées sous des formes variées. Dans cette perspective, l’accompagnement devient un incontournable des pratiques de formation et, plus largement, des pratiques relationnelles.

Plus que jamais, les notions de projet, de motivation, de communication sont aujourd’hui des normes et celui d’autonomie est devenu, simultanément, le droit et le devoir de la personne.

Dans le domaine de l’Education ?

Force est de constater que ce terme d’accompagnement, avant tout appliqué dans le champ de la formation professionnelle, s’est installé dans celui de l’éducation, succédant aux termes de soutien et d’aide. Héritier du dispositif mis en place en 2009 dans la voie de l’enseignement professionnel, il s’est ensuite étendu au lycée général et au collège.

Qu’est-ce qu’accompagner ?

Accompagner : ac (vers) – cum (avec) – pagnis (pain, l’étymologie de compagnon signifie qui mange son pain avec).

Le terme implique un double mouvement : être avec et aller vers, sur la base symbolique du partage. En somme, l’accompagnement vise à se joindre au parcours de quelqu’un, pour aller où il va, en même temps que lui. Dans ce cadre l’accompagnateur doit créer les conditions pour que l’Autre fasse son chemin et construit avec lui son chemin. La dimension relationnelle est donc au cœur de l’accompagnement.

Cette démarche vise à donner du sens à la formation (sujet-acteur), à valoriser le processus et l’autonomie et à privilégier l’action.

Si cette démarche a été pensée avant tout pour un individu adulte (dans le cadre de sa formation professionnelle notamment), elle semble soulever quelques difficultés lorsque l’accompagné est un élève du second degré…

Accompagner un collégien

Appliquer cette démarche dans la sphère scolaire soulève quelques difficultés.

- L’accompagnement présuppose une forme de parité entre l’accompagnant et l’accompagné. Comment imaginer cette relation non hiérarchique entre enseignant et élève ?

- L’accompagnement prend appui sur l’autonomie de celui qui est accompagné. Peut-on parler d’autonomie pour des élèves de 6° ? Cette autonomie n’est-elle pas justement en construction tout au long du cursus ?

- L’accompagnement s’appuie sur le but fixé par l’accompagné et implique d’avoir la possibilité de choisir. Or, ce choix est-il vraiment possible avec des collégiens ? Quant au projet visé, n’est-ce pas hors de portée pour un élève que de définir un objectif ?

Effectivement, les conditions de la formation professionnelle des adultes ne sont pas celles de l’enseignement scolaire.

Dés lors, cette définition de l'Accompagnement doit être adaptée au public visé. La grande question est donc de savoir comment adapter l’action d’accompagner à des élèves de collège, tout en étant au plus près des enjeux induits par le terme Accompagnement et des objectifs d’apprentissage…

 

B- Réflexions autour du terme Personnalisé

L’action de personnaliser dans le milieu scolaire répond à la création du Collège unique et aux conditions d’enseignement qu’elle implique, engendrant une très grande hétérogénéité des élèves au sein d’une même classe.

Personnaliser amène à mettre en œuvre des situations éducatives qui contribuent à la construction de l’enfant et de l’élève, son autonomie, sa personnalité et son identité. Personnaliser nécessite de prendre en compte l’expérience, les aptitudes, les manières d’agir les acquis, les besoins les aspirations…

La personnalisation est au cœur, à la fois, d’un double processus, celui d’individualisation (accès à une plus grande autonomie, responsabilisation, estime de soi, …) et de socialisation (coopération, solidarité) et d’un double mouvement, celui qui conduit l’enseignant à construire une situation féconde pour l’élève et celui qui permet à l’élève de s’approprier cette situation par au regard de ce qu’il est, …

 

II- L’Accompagnement, dans les textes et dans les faits

 

A. Entre dispositif et posture

Extrait de la circulaire n° 2015-106 du 30-6-2015

" L'accompagnement personnalisé concerne les élèves de tous les niveaux. Tenant compte des spécificités et des besoins de chaque élève, il est construit à partir du bilan préalable de ses besoins. Tous les élèves d'un même niveau de classe bénéficient du même nombre d'heures d'accompagnement personnalisé.

Toutes les disciplines d'enseignement peuvent contribuer à l'accompagnement personnalisé. Il est destiné à soutenir la capacité des élèves à apprendre et à progresser, notamment dans leur travail personnel, à améliorer leurs compétences et à contribuer à la construction de leur autonomie intellectuelle. Les professeurs documentalistes et les conseillers principaux d'éducation, dans leurs champs de compétences respectifs, ont vocation à apporter leur expertise dans sa conception et à participer à sa mise en œuvre.

L'accompagnement personnalisé prend des formes variées : approfondissement ou renforcement, développement des méthodes et outils pour apprendre, soutien, entraînement, remise à niveau. Quelles que soient les formes retenues, il repose sur les programmes d'enseignement, dans l'objectif de la maîtrise du socle commun de connaissances, de compétences et de culture, notamment le domaine 2 « les méthodes et outils pour apprendre ».

En classe de sixième, les 3 heures d'accompagnement personnalisé ont pour objectif de faciliter la transition entre l'école et le collège, en rendant explicites les attendus du travail scolaire dans les différentes disciplines enseignées au collège et en conduisant tous les élèves à les maîtriser. On cherchera notamment à faire acquérir plus explicitement les méthodes nécessaires aux apprentissages : en lien avec les attendus des différentes disciplines, apprendre une leçon, faire des révisions, comprendre et rédiger un texte écrit, effectuer une recherche documentaire, organiser son travail personnel, etc.

Au cycle 4, les élèves bénéficient d'une heure à deux heures hebdomadaires d'accompagnement personnalisé. Il favorise, en classe de troisième, la construction de l'autonomie, dans la perspective de la poursuite d'études au lycée.

Les élèves peuvent être regroupés en fonction de leurs besoins, au sein de groupes dont la composition peut varier durant l'année. Des heures professeurs sont mobilisées pour la prise en charge des groupes."

Les difficultés de mise en œuvre :

D’emblée, une chose est certaine. A l’heure actuelle, l’AP reste à construire. Et cette construction passe notamment par une meilleure connaissance (ou reconnaissance) de l’élève afin de mieux répondre aux exigences de l’Accompagnement et de la Personnalisation.

L’Accompagnement Personnalisé nécessite ainsi de connaître chaque élève à accompagner afin de faire émerger la situation la mieux adaptée et la plus féconde possible. Cette condition soulève évidemment des difficultés de mise en oeuvre et la question du diagnostic des besoins des élèves est à l'heure actuelle mal ou non résolue. Cela est très préoccupant car le diagnostic de situation est primordial au risque de désamorcer le bien-fondé de l'AP: « Tenant compte des spécificités et des besoins de chaque élève, [l'AP] est construit à partir du bilan préalable de ses besoins. » (extrait de la circulaire citée précédemment.).

L’idéal sera, non pas, de faire apparaître un niveau de l’élève mais davantage de savoir ce que l’élève sait faire et qu’il lui reste à apprendre. Ce diagnostic pourrait s’appuyer sur la consultation du Livret de compétences et des fiches de dialogue communiquées par les enseignant du premier degré, allant dans le sens de la liaison Ecole-Collège et du cycle 3. Il pourrait aussi s’appuyer sur des entretiens, des temps de verbalisation conduits avec l’élève.

A cela s'ajoutent la prise en compte d'autres paramètres tels que les conditions d'enseignement (petit groupe, classe entière, hétérogénéité, ...), la difficulté d'individualiser en groupe, d'accorder une place suffisante à l'autonomie chez des élèves qui sont en train de la construire, etc., qui témoignent de la ardeur de la tâche, de l'équilibre fragile qu'il faut trouver entre l'accompagnant et l'accompagné (évoquées précédemment).

La finalité

Sans surprise, l’Accompagnement personnalisé vise l’acquisition et la maîtrise du socle.

« Quelles que soient les formes retenues, il repose sur les programmes d'enseignement, dans l'objectif de la maîtrise du socle commun de connaissances, de compétences et de culture, notamment le domaine 2 ″ les méthodes et outils pour apprendre ". » (extrait de la circulaire citée précédemment.)

Dans le cas de la classe de 6°, il permet l’acquisition ou le renforcement des compétences du Palier 2.

Quelles formes ?

L’Accompagnement Personnalisé est plus une question de posture que de dispositif. Il crée un temps particulier d’enseignement au cours duquel l’attention est portée sur les démarches, les erreurs, les échanges, etc.

Ce temps doit se démarquer des autres cours traditionnels (dans leur approche) et créer des conditions pour que chaque élève soit amené à réfléchir sur ses connaissances et à comprendre les raisonnements qu’il engage pour utiliser et construire de nouvelles connaissances. Il s’inscrit dans la volonté fondamentale de rendre les élèves conscients des stratégies d’apprentissages qu’ils mettent en œuvre pour apprendre et comprendre.

Les séances d’AP pourraient offrir des opportunités d’enseignement pour  privilégier:

  • - la parole des élèves, leur verbalisation ;
  • - l’écriture, en leur donnant plus de temps pour rédiger, réinvestir du vocabulaire, … ;
  • - le travail collaboratif ;
  • - la démarche de projet et l’approche interdisciplinaire (notamment en 6°, où il n’y a pas d’EPI).
  •  etc.

 

B. L’Accompagnement Personnalisé et les Arts Plastiques ?

Des compétences visées moins prioritaires

Le nombre d’enseignants d’Arts plastiques qui auront à assumer une ou plusieurs heures d’AP est réduit, car les trois compétences privilégiées par le dispositif que sont Lire, Ecrire et Compter amènent à penser que les disciplines du Français et des Mathématiques seront prioritairement (?) associés au dispositif.

Une démarche intrinsèque à la discipline

La posture d’enseignement de l’Accompagnement Personnalisé est extrêmement proche de celle adoptée pour l’enseignement des Arts plastiques. Démarche exploratoire, projet, autonomie, verbalisation, pratique, etc. sont autant de conditions que la discipline réunit dans le processus d’apprentissage des élèves. Elles en constituent même les fondements. La discipline pratique déjà l’accompagnement personnalisé et anticipe ce que Anne Vibert formule : « A terme, il ne devrait même pas être nécessaire d’identifier des plages horaires d’accompagnement s’il y a changement de posture du professeur »…

Des situations

L’éventualité d'un AP Arts plastiques, pourrait permettre de construire des situations pour verbaliser plus longuement sur une production réalisée en classe, rédiger un article fictif de présentation d’une production, travailler spécifiquement une compétence au travers d’une production plastique, créer des challenges artistiques (commande et réponse plastique), etc.

 

Document conçu par le groupe de travail académique en arts plastiques pour la présentation de la Réforme du collège (février 2016).

Voir et télécharger le document pdf

 

A lire : LES FORMES DE VERBALISATIONS de Marie ROUSSEAU, IA IPR, Normandie, 2021.