Les Ateliers du Collectif Lézébrés
« LA MAISON »
De la cave au grenier, du dedans au dehors, du public au privé, elle nous invite à la nostalgie mais aussi à une redécouverte du monde et à une perception sensible du quotidien.
La maison raconte des histoires que les photographes du collectif Lézébrés vous content à leur tour .»
Sylvie Fontayne
Sylvie Fontayne, elle-même photographe, coordonne les membres du Collectif Lézébrés qui, par des séances d’analyses et de critiques, créent des images photographiques susceptibles d’explorer un thème choisi, en l’occurrence, celui de la maison. Chacun se saisit du sujet à sa manière, avec son écriture personnelle et intime.
La diversité des approches d’une thématique commune constitue en soi un intérêt majeur, particulièrement au sein d’un établissement scolaire. Ce chœur d’individualités manifeste, par l’image, la singularité de notre perception du monde pour laisser apparaître simultanément ce qui nous divise et ce qui nous rassemble.
Très opportunément, l’objet d’exploration désigné, la maison, ressort à la fois de l’intime et du collectif.
Dressant des murs tout en exhibant des mécanismes d’ouvertures (les portes et les fenêtres), la maison se présente comme une interface, à la fois lieu de passage et d’interaction. Elle est surface de contact entre deux milieux, comme peut l’être une étendue d’eau qui nous renvoie alternativement à notre propre reflet, à ce qui nous est familier, et aux profondeurs d’un univers étranger, dans lequel on devine les reliefs de ce qui est autre, dans lequel se profile une forme d’altérité.
Il ressort de cet ensemble d’images ici exposées des questions inhérentes à la nature de ce lieu qui souvent nous abrite, nous isole et nous console. La maison, cette boîte semi-ouverte, entrelacement de temps et d’espace, territoire narratif par excellence, petite fabrique d’histoires vécues, d’histoires à vivre, la maison aux façades démonstratives ou mutiques, cache des aménagements internes théâtralisés, dans lesquels nous faisons parfois figure.
Qu’elle soit de bois, de paille ou de briques, comme dans le fameux conte, la maison matérialise une bataille contre le temps, elle s’affirme comme une construction, prise dans un processus d’élaboration perpétuel, et semblant défier ce qui s’apparente à la dégradation.
La maison, dans les images proposées par les artistes du Collectif Lézébrés, apparait très souvent comme une « tentative », la manifestation d’un engagement humain, fragile et maladroit parfois, pour s’insérer dans l’univers.
Par les gestes choisis de chacun des intervenants (plan large, gros plan, point de vue inhabituel, tirage en négatif, rapport d’échelle expressif, mise en scène ostentatoire, dispositif sériel) émerge une maison polymorphe, à la fois proche et distante, une maison complexe et changeante, faisceau d’interférences de toutes celles dont nous avons franchies un jour le seuil.
Cette double opération d’enregistrement et d’idéalisation que permet le medium photographique nous conduit ici à ressentir ce que la maison suppose, de projections mentales, de mémoire et d’expériences sensibles du corps.
Bonne visite,
Sophie Bach