Une enfance de Jésus, L’éducation de Jésus, La mort de Jésus, de J.M. Coetzee
La trilogie − enfance, éducation et mort de Jésus − se lit comme une série, avec cette écriture concrète, dialoguée, de Coetzee, qui convoque subtilement le mythe religieux pour nous élancer dans une réflexion spirituelle, portée par son narrateur, Simon, qui débarque avec David dans une ville nouvelle.
Seuls dans un monde qui n’a plus ses valeurs, ils vont devenir moralement un père et un fils. De même qu’Inès rencontrée dans leurs aventures deviendra la mère.
A eux trois, ils vont vivre les choix existentiels qu’impose l’éducation d’un enfant, et confronter leurs points de vue sur l’école et les Hommes sous une forme dialogique rendue sans cesse dynamique par la multitude des rencontres et des obstacles.
Simon se bat pour que David construire son propre chemin, et il le fait par la réflexion philosophique. Porte-parole désincarné et symbolique ? Certes, mais aussi homme réel, endurant, honnête ( ce qui le rend drôle aussi). La pensée devient le moteur du roman, force agissante, possibilité d’agir sur le monde et d’en refonder le sens. Quelle hauteur face aux impasses humaines !
Et pour nous professeur(e)s, vivre ce temps long de la trilogie avec un enfant qui dit non, qui apprend mais pas comme les autres et par le corps aussi, ce sont des pas de côté pédagogiques précieux.
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