Depuis quelques semaines les élèves expérimentent un rapport inédit à leur espace vécu, restreint à leur lieu d'habitation. Isolés du groupe classe, ils appréhendent le monde grâce au numérique et gardent entre eux un lien virtuel via les réseaux sociaux. Les professeurs, eux, expérimentent l'enseignement à distance qui interroge sur les enjeux didactiques et pédagogiques de la continuité pédagogique. Dans ce contexte inhabituel que choisit-on d'enseigner et comment ?

Le choix est fait de proposer des activités pédagogiques en lien avec l'histoire-géographie qui permettent de consolider ou d'approfondir des apprentissages.

L'activité proposée en quatrième s'ancre dans l'actualité: comment aborder le confinement du point de vue de la géographie ? Michel Lussault donne des pistes¹. Le confinement permet d'interroger les interspatialités, ici les pratiques spatiales de chacun dans l'espace individuel et sa relation à autrui à l'échelle locale, nationale voir mondiale.

Le travail réalisé par l'élève consiste à cartographier le lieu de confinement, son logement surinvesti par la famille repliée sur elle même; à rendre compte des relations virtuelles nouées avec l'extérieure, support de flux nombreux. Il lui est proposé enfin d'ouvrir une fenêtre sur le monde réel en faisant partager le paysage observé de la fenêtre de sa chambre ou de sa porte d'entrée.

Cette démarche initie les élèves à la géographie sensible qui s'intéresse aux rapports émotionnels et aux représentations de chacun quant à l'espace vécu. On prolonge ainsi le travail sur la compétence : pratiquer différents langages - réaliser un croquis, déjà abordée en classe; en s'écartant toutefois de la cartographique « classique ».

Enfin, pour soutenir la motivation, les modalités de travail sont adaptées. L'activité est présentée aux élèves sous la forme d'un projet cartographique coopératif : l'application en ligne Umap - Openstreetmap permet à chaque élève de localiser son espace de confinement. Cette carte intégrée à une présentation Génialy est ensuite enrichie des croquis, photos et textes des élèves. Tout au long de la démarche travail personnel et entraide (via un fil de messagerie de l'ENT) alternent dans les phases de travail. Ce projet fédérateur a permis de multiplier les échanges (entre pairs) et avec le professeurs ( feedbacks). Beaucoup d'élèves ont su profiter des remédiations pour progresser dans la réalisation du croquis notamment, motivés par la perspective de publier le travail sur la carte coopérative.