J’ai eu beaucoup de plaisir à retrouver la plume d’Amélie Antoine dans son dernier roman. J’y ai retrouvé l’ambiance oppressante de « Sans elle » qui m’avait prise à la gorge et m’avait profondément déstabilisée. Cela a été le cas ici aussi…
« − Je pleure parce que mon cœur déborde. Parce que je me sens tellement heureuse que c'en est presque trop pour moi. Parce qu'aujourd'hui, c'est le plus beau jour de ma vie.
Il m'avait embrassée sur le front, tout doucement.
− C'est le premier des plus beaux jours de ta vie, avait-il rectifié, sûr de lui et de notre bonheur à venir. » Lilas se confie depuis ses seize ans dans un journal intime, par le biais de lettres dédiées à son défunt père, avec qui elle entretenait une relation fusionnelle. Ces chapitres sont une remontée dans le temps éclairante sur le devenir de la jeune femme.
« Est- ce qu'il savait qu'il ne reviendrait pas, qu'il m'abandonnerait avec mes questions et ma terreur de ne jamais les revoir ? Est-ce que, si j'avais été moins fatiguée et que je les avais accompagnés ce soir- là, rien de tout cela ne serait arrivé, ou est-ce qu'il guettait l'occasion idéale depuis des semaines ? Avait-il disparu sur un coup de tête ou avait-il prémédité sa fuite de longue date ? » Le 18 juin 2022, aux premières lueurs du jour, Lilas se rend compte que son mari, Maxime, n’est pas rentré de la soirée où il s’est rendu avec leur fille de quatre mois, Zélie. Que s’est- il passé ? Et surtout, que leur est- il arrivé ?
« On juge, toujours. Même si on voudrait ne pas le faire, on n'y parvient pas. On approuve ou on désapprouve, on félicite ou on condamne, on absout ou on lynche. » Et puis au fil des chapitres, Lilas se livre – ou pas. Elle endosse tour à tour le rôle de victime et de coupable. Les réseaux sociaux s’enflamment, mais qui est réellement là pour soutenir Lilas ?
Au final, c’est avant tout un sujet encore tabou dans notre société qui est mis en évidence de manière très habile par l’auteure, et qui saura à coup sûr trouver un écho chez toutes les femmes devenues mamans ces trente dernières années, pour qui le bonheur d’être mère était devenu une obligation. Perturbant et probablement clivant.
Valérie