Participer et faire participer : regards croisés d’élèves et d'enseignants sur la participation en classe de seconde (Charlot & Reuter, 2012).
Problématisation
Comment la notion de participation est-elle définie ? Quels en sont les enjeux pour les élèves et les enseignants ?
Synthèse de l'article
La notion de participation s'inscrit dans le cadre de la perspective actionnelle mettant ainsi en évidence le lien entre participation et apprentissages disciplinaires. C’est dans une classe de seconde que l’étude a eu lieu, afin de croiser regards d'apprenants et d'enseignants. Le document s'articule autour de trois parties : les textes prescriptifs, l'évaluation de la participation prenant en compte le point de vue de l'enseignant et enfin la participation d'un point de vue interne, c'est à dire d'après les élèves. Cette pluralité de regards sur la participation prise en compte dans l'étude permet de déterminer ce que la pratique représente et quels enjeux y sont associés. L’étude menée met également l'accent sur les facteurs déclencheurs de la participation dans le but de mieux les appréhender en classe.
C. Charlot et Y. Reuter mettent en exergue l’ampleur de la confusion ressentie par les élèves mais aussi par l’équipe éducative, quant à la notion de participation (appréciable et évaluable, sans être ni enseignable, ni mesurable) et son existence concrète en classe. En effet, en particulier dans les textes prescriptifs, la définition de la participation est plurielle et imprécise. Bien qu’elle soit souvent associée à l’expression orale et employée dans ce contexte, elle englobe plusieurs éléments. La notion de participation revêt aussi un caractère implicite, étant donné qu’elle est souvent considérée indépendamment des enjeux disciplinaires. Comment est-il alors possible que cette notion si ambiguë occupe une si grande place dans les appréciations et les notes chiffrées ?
Il semblerait dans un premier temps que le profil de la classe et la nature de la discipline ne soient pas révélateurs des attentes en termes de participation. Cependant, il est important de noter que la participation dans les appréciations sur les bulletins trimestriels est plus souvent notifiée de façon négative que positive et donc, que celle-ci constitue davantage une variable d'ajustement puisqu'elle sert d’élément d'appui. Aussi, seulement un tiers des élèves d’une classe reçoivent une appréciation sur leur participation.
On remarque ensuite, selon les enseignants, que la place de la participation au sein de la classe relève davantage du domaine de la pédagogie que de la didactique. En effet, la participation se trouve souvent confondue avec les interactions langagières comprises dans le cadre d'un cours dialogué de par sa définition sibylline. Grâce aux tableaux intégrés à la dernière partie de l'article, on peut aisément lire les regroupements de réponses d'après un questionnaire commun distribué à deux groupes d’élèves différents : le groupe A comporte plus d’élèves en difficulté et dont les résultats sont sensiblement plus faibles que le groupe B et inversement. D'après les élèves, qui en sont les principaux acteurs, la participation orale est globalement perçue au cœur du processus d’apprentissage. Les auteurs constatent que même si la participation varie en fonction du niveau des élèves, tous ont conscience que cela peut les aider à surmonter leurs difficultés. Cela signifie donc que le fait de participer permet de faciliter l'assimilation du cours mais cette pratique n'est pas forcément utilisée par les élèves qui en ont le plus besoin. Ce frein à la participation s’explique par le poids du regard d’autrui et la crainte du jugement pouvant être ressentis par certains élèves et ces difficultés relèvent d’éléments au-delà des aptitudes scolaires mises en jeu. La place de l'erreur est également à prendre en compte puisque celle-ci est davantage négativement considérée à cause, hypothétiquement, du modèle du cours dialogué instauré qui favoriserait les enjeux de réussite ou d'échec dans son fonctionnement même.
Cet article apporte donc des réponses concernant la pratique de la participation, laquelle représente un véritable défi pour les enseignants. En effet, sa définition demeurant largement incertaine contribue à rendre ses enjeux flous et ses bénéfices implicites. L'étude permet principalement d'établir quels sont les déclencheurs et les freins à la participation (facteurs extérieurs au monde scolaire, relations entre pairs au sein de la classe), les attentes des enseignants vis-à-vis de cet outil d’apprentissage primordial qu'est la participation mais aussi l'importance et l'impact des appréciations sur la participation contenues dans les bulletins.
Référence de l'article (norme APA)
Charlot, C., & Reuter, Y. (2012). Participer et faire participer: regards croisés d'élèves et d'enseignants sur la participation en classe de seconde. Recherches en didactiques, (2), 85-108.
https://www-cairn-info.gorgone.univ-toulouse.fr/revue-recherches-en-didactiques-2012-2-page-85.htm
Rédactrices de la fiche
Joane Lagarde et Mathilde Quereilhac. Année de formation : 2019-2020
Avis personnel
La troisième partie de cet article illustre parfaitement les deux premières parties grâce aux tableaux. Les tableaux et figures présentés sont très lisibles. C'est un article relativement court et au lexique précis mais compréhensible. L'article fait référence à des auteurs. Les titres sont clairs.
Nous avons jugé intéressant de choisir un article portant sur les causes, effets et agents de la participation en classe de seconde car celui-ci nous a permis d’avoir un regard plus théorique sur la participation sous tous ses angles, puis de pouvoir reconnaître et appréhender l’ampleur du défi de la participation. Son étude a également renforcé nos conceptions préexistantes. Cet article s’adresse à un public large puisqu'il s'adresse à tous les enseignants, quelque soit leur discipline. Aussi, cet article identifiant les enjeux de la participation en les considérant du point de vue des apprenants permet d'avoir un retour authentique.