Musée Ingres Bourdelle | Entre Fog et Brume
Après avoir participé l’an dernier à l’opération « Les 150 ans de l’impressionnisme », le musée Ingres Bourdelle organise du 13 mars au 18 mai 2025 l’exposition « Entre Fog et brume » dans le cadre de l’événement « 100 œuvres qui racontent le climat ». Le Parlement de Londres de Claude Monet, prêté par le musée d’Orsay, dialoguera avec un tableau conservé au musée, Ocre rouge de Touraine d’Olivier Debré.

Ensemble, ils interrogent la beauté fragile de la nature, aujourd’hui menacée par le changement climatique. L’exposition invite ainsi à réfléchir à notre avenir confronté à la pollution émise par les activités humaines. Cette évocation résonne face à une réalité aux forts enjeux environnementaux.
Les peintres impressionnistes du XIXe, ont-ils eu leur perception optique modifiée par la pollution atmosphérique causée par la révolution industrielle ? Cette question s’est doublée récemment d’une étude scientifique qui apporte une base à une réflexion lancée lors d’une exposition conjointe à Paris, Londres et Toronto en 2004 et 2005 « Turner, Whistler, Monet ». Si l’on se plonge dans les œuvres de Monet, on remarque qu’entre ses peintures de jeunesse en Normandie et sa série à Londres cinquante ans plus tard, il y a des changements dans le contraste, les contours et les couleurs. Pourtant, Claude Monet aimait peindre le brouillard londonien. Dans une lettre écrite à son épouse le 4 mars 1900 lors de l'un de ses trois voyages à Londres, il écrit : "en me levant, j'étais terrifié de voir qu'il n'y avait aucun brouillard, pas même l'ombre de brume ; j'étais anéanti et voyais déjà toutes mes toiles fichues". Ce brouillard est omniprésent dans sa série de toiles réalisées sur le Parlement anglais au bord de la Tamise. Le bâtiment tel un fantôme surgit nimbé de brume délicate et de touches lumineuses.
Face à cette toile de Monet, l’œuvre de Debré de 1983 présente une toile aux touches épaisses et colorées évoquant la lumière des bords de Loire. Olivier Debré peint et dessine dès l’enfance, puis s’oriente vers une carrière d’architecte. Élève de Le Corbusier, il croise Picasso dans une galerie, cette rencontre l'ancre définitivement dans la peinture. Son expression picturale évoluera vers des compositions plus aérées aux larges surfaces colorées, faisant de Debré l’un des représentants de l’abstraction gestuelle ou lyrique. Son style est dans l'esprit du «color field» (champ de couleur) américain, cependant, il restera fidèle à la Loire et reviendra la peindre à Vernou-sur-Brenne, près de Tours.
Deux évocations de la beauté de la nature, deux œuvres qui nous interpellent sur les conséquences de l’activité humaine, deux artistes qui nous font ressentir la fragilité de notre environnement.
