Le festival de la BD d'Angoulême ouvrira ses portes du 25 au 28 janvier 2024.
Si la bande dessinée s’est très tôt adressée à la jeunesse, elle a aussi évolué vers le monde des adultes en traitant de tous les sujets de société. Mais, pour autant, elle n’a heureusement pas quitté son public originel. C’est fondamental, car elle est devenue grâce à sa diffusion et sa diversité croissantes, une porte d’entrée déterminante dans la lecture. Toutes les études le démontrent, qui lit des bandes dessinées, lira des livres de toutes natures.
Ce propos, exprimé dans le livret de présentation du festival par la présidente de l'association du FIBD, Delphine Groux, souligne avec force l'un des intérêts spécifiques que revêt l'étude de la BD en milieu scolaire.
Si la multitude des modalités d'expressions qu'elle offre pourrait à elle seule servir de base à une réflexion sur le processus de création qui est au coeur de l'objet d'étude "Créer, fabriquer: l'invention et l'imaginaire" en classe de première, la BD peut également offrir de magnifiques supports d'études pour d'autres objets d'étude. Et la sélection officielle 2024 nous offre de magnifiques opportunités de découverte, d'exploration et de mise en oeuvre des programmes par des voies détournées mais originales et stimulantes pour les élèves.
Pour une mise en perspective
Parmi les oeuvres retenues cette année par la sélection officielle, plusieurs sont à considérer.
Une fiction politico-poétique. Antonio Altarriba s’empare de la terrible question des enfants soldats enrôlés de force. Ainsi, pas d’autre choix pour Nivek. Sauvé d’une mine à douze ans, enrôlé par le chef de la milice locale, migrant, vendu comme esclave, c’est son odyssée que l’on suit du Congo jusqu’en Espagne.
Exploitable en lien avec le programme de géographie de seconde sur les migrations (géographie, thème 2) ou avec le programme de première sur les problématiques de développement du continent africain (géographie, thème 2).
« Toutes les deux, toutes seules, tout le temps, et rien autour… voilà comment je me rappelle notre petite enfance. » Après Cruelle et Pucelle, Florence Dupré la Tour poursuit le tour d’horizon de son enfance, en explorant cette fois-ci ce qu’elle avait déjà esquissé dans ses précédents livres, à savoir le bonheur, mais aussi le poids et les blessures de la gémellité.
Une BD au graphisme chaleureux qui, au travers d'une démarche autobiographique, aborde la question de la construction identitaire telle qu'elle est posée en seconde par le thème 1 de français, " Devenir soi: écritures autobiographiques".
Alors qu'elle est enfermée dans son appartement de Belgrade, pendant la pandémie de Covid-19, la dessinatrice Lika Nüssli téléphone longuement à son père, Ernst, et l’interroge sur son « enfance volée ». En résulte un roman graphique de 260 pages qui retrace l’histoire d’un enfant pauvre, placé quatre ans dans un foyer paysan, à trimer comme une bête.
Cette quête de du souvenir, ce désir de collecter pour préserver la mémoire et comprendre sa propre identité peut également être utilisée dans le thème 1 du programme de français de seconde sur la démarche autobiographique.
Le coup de coeur
Mention particulière pour cette BD de Charles Berberian qui alterne les formes d'expressions graphiques au service d'une introspection identitaire par delà les frontières et le temps. D'une France confinée à un Liban en proie à des troubles politiques et religieux, en passant par l'Irak et l'Iran, la démarche mémorielle de Charles Berberian est rattrapée par l'actualité et offre une porte d'entrée sur la compréhension des conflits en cours au Moyen-orient.
De part la richesse de sa forme et de son contenu, cette BD peut être mobilisée sur le temps long d'une année scolaire et servir de point de départ à des réflexions tout autant littéraires qu'historiques.
