Ce stage d’une journée était ouvert à tous les enseignants de langues vivantes. La différence avec la formule de l’année précédente fut que ce stage pouvait accueillir plus d’enseignants car il s’agissait de deux groupes durant une journée et qu’il était proposé en interlangues.
Il entrait dans le cadre du PAF et se faisait via la plateforme GAIA. Une des entrées de ce stage était le lien fait avec le numérique, comment l’outil numérique pouvait aider à enseigner autrement.
Il ne s’agissait pas de travailler uniquement via le numérique mais surtout dans un premier temps d’expliquer et de préciser ce que nous mettions derrière les termes d’AP et en quoi l’AP était un dispositif conçu pour différencier.
Ainsi, nous avons réfléchi au principe de différenciation dans les classes de langues vivantes et avons travaillé sur des outils non seulement méthodologiques mais aussi numériques et avons réfléchi à des stratégies pédagogiques de différenciation, comment l’enseignant pouvait instaurer la différenciation dans ses séances d’AP, en ne pensant plus seulement par rapport aux effectifs mais en manière de faire et donc quitter le frontal pour aller vers de le collaboratif.
Activités langagières dominantes : toutes
Déroulement/Procédure :
Avant de commencer la formation, j’ai indiqué aux enseignants que tout ce qu’ils allaient voir et travailler pendant cette journée était mis à disposition sur un padlet. Ainsi, dès le début, je leur ai distribué un document intitulé « ressources bibliographiques » sur lequel était indiqué l’adresse du padlet ainsi que toutes les autres références citées au cours de cette formation.
→ En procédant de cette manière, dès le début, les enseignants savent qu’ils ne sont pas obligés de tout écrire car ils retrouveront tout ce qui a été dit ou fait dans le padlet.
Dans un premier temps, afin de mieux connaître le groupe d’enseignants et d’avoir un profil bien détaillé sur leur manière d’appréhender l’AP, mais aussi afin d’entrer de façon originale dans le vif du sujet, j’ai décidé de donner à chaque enseignant un marqueur afin qu’ils se situent en fonction de divers critères en lien avec l’AP. L’objectif était donc de mettre une croix dans une ou plusieurs colonnes qui étaient inscrites au tableau. Ils devaient se positionner, d’une part, sur l’outil ou la stratégie qui, selon eux, était un moyen d’accompagner les élèves tel que la méthodologie, le travail en classe entière, le travail en groupes, le changement de posture de l’enseignant, le travail à la maison, le travail en îlots, les fiches individuelles, la responsabilisation des élèves, la différenciation, les outils numériques, la collaboration entre élèves. D’autre part, ils devaient indiquer d’une croix leurs difficultés quant à la mise en place de l’AP dans leurs cours selon les critères suivants : trop d’élèves, pas assez de temps pour ce qui concerne le volume horaire, ne pas savoir comment l’intégrer dans une séquence, ne pas savoir quels outils mettre en place.
La majorité des enseignants ont indiqué qu’ils voyaient l’AP comme de la méthodologie et un dispositif de différenciation et que leurs difficultés résidaient surtout dans la manière de l’intégrer dans les cours.
Ainsi, à travers ce questionnaire actionnel, j’ai pu indiquer que l’AP rassemblait tous les critères de la première partie et qu’il ne s’agissait pas seulement d’un outil à donner aux élèves mais d’une manière aussi de faire de l’enseignant. L’objectif était donc d’entamer également à travers cette formation une réflexion sur le changement de posture de l’enseignant.
Le document ci-dessous et mis en ligne sur le padlet vient étayer cette précision.
Pourquoi faire de l’AP au collège ? Comment le faire ?
Qu’est-ce que l’AP ? |
Pourquoi personnaliser ? |
Modalités de mise en œuvre |
L’accompagnement personnalisé (AP) est une modalité d’enseignement destinée à tous les élèves du collège, de la sixième à la troisième. L'AP vise à soutenir la capacité à apprendre et à progresser. Il a comme objectif de permettre à chacun d'entre eux :
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L’accompagnement personnalisé est une modalité d’enseignement intégrée aux enseignements disciplinaires.
C’est un temps privilégié pour personnaliser (ce qui ne veut pas dire individualiser, cf. Connac) les apprentissages des élèves afin de tenir compte des rythmes d’acquisition différents qui sont les leurs, des formes différentes de leur intelligence, de l'acquisition progressive de leurs compétences. |
-classe entière avec des îlots de besoins -classe entière coopérative (tutorat, plan de travail) -activités différenciées en groupes réduits d’élèves -activités adaptées par élève en fonction des besoins/des difficultés -activités adaptées en binômes d’élèves choisis par affinités -activités adaptées en binômes d’élèves choisis par l’enseignant
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Ainsi, l’objectif de cette formation fut de réfléchir à la mise en place d’outils servant à la méthodologie et à la personnalisation des apprentissages à travers deux axes de travail :
-des outils méthodologiques pour apprendre à apprendre.
-des stratégies de mises en œuvre pédagogiques pour aider l’élève à interagir avec les autres et donc à entreprendre ce processus de personnalisation au sein de la classe, processus indispensable pour faire en sorte que tous les élèves progressent.
Je me suis appuyée sur différents supports tels que les ressources officielles d’une part -qui précisent que l’AP est un outil possible pour faire en sorte que chaque élève puisse apprendre-, puis, d’autre part, j’ai abordé la différenciation pédagogique à travers les recherches scientifiques présentées par Sylvain Connac.
Ainsi, j’ai présenté les deux manières de différencier, qu’il s’agisse de l’individualisation ou de la personnalisation, les deux étant des stratégies pédagogiques pour aider l’élève à apprendre.
Suite à ces apports scientifiques, deux ateliers travaillant l’axe 1 ont été proposés pendant la matinée.
Le premier atelier consista à regrouper les enseignants de manière aléatoire par 4-5 (5 groupes) et à les faire travailler sur la création d’un outil méthodologique en fonction d’une situation de classe comme par exemple « Je décide de faire une compréhension orale », « Je décide faire la description d‘un tableau », « Je décide de demander à mes élèves de présenter un sujet à l’oral », « Je décide de demander à mes élèves d’imaginer un dialogue à deux », « Je décide de demander un travail d’expression écrite ».
Ainsi, chaque groupe a travaillé en interlangues sur la confection d’une fiche-méthode en fonction d’une situation donnée.
La restitution s’est faite via une démarche pédagogique appelée le world café (cf. padlet) : un membre d’un groupe est allé avec une carte mentale vierge vers les autres groupes pour chercher à obtenir des informations sur les autres situations de classe, ceci afin de gagner du temps dans la restitution et que chaque groupe puisse obtenir toutes les informations concernant toutes les situations de classe.
Cette première phase a plu aux enseignants et le principe de les mettre en action leur a permis de voir ce qu’était cette pratique pédagogique utile également dans la manière de faire agir tous les élèves.
Une discussion sur la manière d’intégrer cette fiche dans une séance de classe s’en est suivie : comment la mettre en place ?
→ demander aux élèves de créer leur propre fiche afin de les faire réfléchir à leur propre apprentissage (→métacognition).
→aide préparée par le professeur avant l’activité ou à lire à la maison en vue d’un travail comme devoir.
Après ce premier atelier et en vue de l’atelier de l’après-midi, j’ai montré des outils d’accompagnement numériques extraits de mes séances tels que quizlet, learningapps, padlet, les cartes mentales… Ce fut un moment de discussion qui a permis de montrer comment un outil numérique pouvait aider à faire apprendre autrement et à différencier.
Le deuxième atelier consista à réfléchir aux outils dont les élèves pourraient avoir besoin en fonction de telle ou telle activité de fin de séquence.
Ainsi, chaque groupe a travaillé sur la fabrication d’un outil méthodologique selon les scénarios envisagés : créer un abécédaire (EE), imaginer l’éventail de ses goûts et présenter celui d’autrui (EOI), faire une affiche sur l’écologie (EE), créer un défilé de mode (EOI), dire 15 choses sur moi (EOC), présenter la mascotte de la classe ( EOI), faire un mini-guide touristique sur une ville (EE).
L’après-midi ouvrit sur un travail en 2 parties autour de l’axe 2, c’est-à-dire la mise en place de stratégies pédagogiques de différenciation de la part de l’enseignant. Il ne s’agit plus d’un outil à créer pour donner aux élèves mais de la mise en œuvre pédagogique de l’enseignant. J’ai basé mon atelier sur les pratiques collaboratives. J’ai donc expliqué brièvement en quoi cela consistait à partir d’un support et d’une activité.
À partir d’outils collaboratifs et coopératifs que j’utilise dans mes classes et qui sont créés pour aider l’élève dans son apprentissage de la langue (tels que des cartes de rôles, un tétraèdre, le contrat de tuteur, des feux signalétiques pour contrôler le bruit (cf.padlet), le plan de travail personnalisé), j’ai demandé aux enseignants de réfléchir à la manière d’amener ces outils en classe, et dans quel cadre pédagogique les utiliser.
La reprise consista à leur préciser à travers des exemples extraits de mes séances (cf. supports sur le padlet) comment ce dispositif tel que le précise Sylvain Connac aide à l’investissement de tous les élèves, à la personnalisation des apprentissages et à la différenciation pédagogique et qu’il peut donc s’utiliser soit en classe entière soit en demi-groupes. L’AP, étant un dispositif de différenciation, peut s’imaginer de manière collaborative et non pas en classe frontale.
Ainsi, par exemple, grâce à un plan de travail personnalisé, l’élève va savoir quoi travailler en priorité et les outils mis à sa disposition (méthodologiques, métacognitifs et/ou numériques) vont concourir à sa réussite.
Une fois la mise en place de ces outils comprise, j’ai donné des supports en différentes langues aux enseignants qui se sont regroupés par disciplines et je leur ai demandé de proposer une stratégie pédagogique mettant en place un scénario collaboratif afin que chaque élève soit actif et acteur de ses apprentissages.
Le dernier atelier de l’après-midi s’est déroulé en salle informatique : chaque enseignant avait accès à un ordinateur et travailla à la création d’un outil numérique pouvant s’intégrer dans une de ses séances d’accompagnement personnalisé. La majorité a travaillé sur la création d’un padlet et/ou d’un quizlet. L’objectif était donc de faire connaître ces outils au plus grand nombre et de montrer que le numérique pouvait être un atout dans l’apprentissage d’une langue vivante.
Objectifs principaux :
-Comprendre les objectifs de l’AP et la manière de le mettre en place.
-Proposer des outils d’accompagnement concrets et adaptables.
-Réfléchir à des stratégies pédagogiques de différenciation pour aider l’élève à apprendre et à gagner en confiance dans l’apprentissage des langues vivantes.
Évaluation :
Suite à l’évaluation faite en fin de formation, j’ai pu noter que les enseignants ont apprécié les différents outils proposés (activités, travail collaboratif, stratégie pédagogique collaborative…), les nombreux échanges et la variété des ateliers.
Une deuxième journée de formation aurait permis de travailler plus longuement sur les outils numériques.
Je remercie chaleureusement chacun de mes collègues pour leur accueil, leur écoute et pour cette richesse dans chacun de nos échanges.
Padlet de la formation : https://padlet.com/sgaillardin/qk5l8axoz0pb
Article proposé par Stéphanie Gaillardin, Collège Bellevue (Albi)