Chaque jour Mahmoud rame. Il palme, il plonge dans les eaux du lac el-Assad qui ont enseveli son village, sa maison d'enfance, qui ont noyé sa vie. Chaque jour, le vieux poète en remonte des souvenirs, des odeurs, des bruits, des morceaux d'enfance, des bouts d'histoire de la Syrie tandis qu'on se bat, qu'on tue, qu'on viole à quelques kilomètres de là.
« Fermant les yeux sur la guerre qui gronde, muni d’un masque et d’un tuba, il plonge − et c’est sa vie entière qu’il revoit, ses enfants au temps où ils n’étaient pas encore partis se battre, Sarah, sa femme folle amoureuse de poésie, la prison, son premier amour, sa soif de liberté. »
Un poème roman dont l'écriture simple, sensible, délicate se tresse avec d'autres voix, d'autres poèmes. Un roman en vers dans lequel on entre avec une étonnante douceur et qui nous fait regarder la réalité syrienne droit dans les yeux car au travers de la voix singulière de Mahmoud, c'est l'histoire de tout un peuple qui se dessine.
Hélène
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