Ce roman appartenant à la collection « D’une seule voix » des éditions Actes Sud Junior déroule au rythme d’une course maîtrisée une parole d’adolescente qui se doit de dire son histoire, une histoire de fille de…

Hannah court « pour exister ». Son corps qu’elle rend plus fort à chaque foulée devient un rempart contre l’autre, un bouclier solide pour repousser la violence, une conquête de soi pour affirmer sa liberté et un moyen d’échapper aux regards bien-pensants de ceux qui ne veulent pas de « ça » chez eux. Ces temps où le corps fonctionne en automatique permettent à la parole de se libérer et de raconter qui elle est et surtout de raconter sa mère. Mais cette parole intérieure dépasse celle qui la déroule pour soi. Elle devient revendicatrice, libératrice et salvatrice. Une déclaration d’amour touchante à sa mère et à ceux qui savent entendre, ceux qui sont dignes de la recevoir.

Ces écritures « d’une seule voix » sont des entrées formidables dans des problématiques qui habitent, tourmentent, questionnent les adolescents mais aussi tout lecteur. L’écriture est ici, et comme toujours dans ces « textes d’un seul souffle », fine, incisive, littéraire. Jo Witek rejoint Wajdi Mouawad (Un obus dans le cœur) et offre un écrit sensible, de grande qualité, abordant la difficulté de se construire et de dire. 

J’ai seize ans, je suis fille de prostituée, fille de la terre, des rivières et des mères, fille du monde, de ses misères, de ses hontes, de ses faiblesses et de tous ses abus. Je suis Hannah Sobolov.

Marie