« Le réel finit toujours par prendre sa revanche. »
La faculté d’admettre la réalité est fragile, on tolère parfois le réel et parfois on le refuse. Non qu’il ne soit pas perçu mais il est mis à l’écart, on le remplace par une illusion qui nous protège du réel. On lui substitue son double, mais « le réel a toujours raison ». Telle est la thèse du court essai philosophique de Clément Rosset qui prend appui sur les mythes et textes littéraires pour incarner son propos : de « l’illusion oraculaire » d’Œdipe à « l’illusion psychologique », en passant par « l’illusion métaphysique » qui considère que le réel n’est que la doublure d’un « autre »(monde), d’un « ailleurs ». Cet essai lumineux se complexifie au fur et à mesure de la lecture, l’auteur passe avec virtuosité de La Bruyère à Robbe-Grillet, fait un détour par Courteline et les Précieuses de Molière, tout en faisant un sort au « chichi ». Bref une lecture stimulante, à la recherche du réel perdu… ou de son double.
Alexandra