"Je ne trahirai pas" : Oeuvre mémorielle au Lycée BARRAL de Castres

///  Lycée Barral 2des option facultative Arts Plastiques  ///

Œuvre en hommage à la Résistance artistique et littéraire et à la mémoire de Monseigneur Pierre-Marie PUECH.    

  •  Présentation générale de la réalisation 

Titre de l’œuvre : Je ne trahirai pas (à la mémoire de Monseigneur Pierre-Marie PUECH, ancien directeur de l’établissement et l’Abbé Gilbert CUGNASSE ancien de Barral).

Année de réalisation : 2016/2017

Professeur et élèves : Mme MUNOZ  Vanessa et 15 élèves  de 2des de l’option facultative Arts Plastiques et de la classe Défense et Sécurité Globale.

Techniques et matériaux : polystyrène recouvert de tissu de verre et de résine époxy, peinture acrylique, bois, acier, béton et tissus enduits de résine.

L’ensemble des pièces est fixé par boulonnage sur une dalle béton de 2m/3m et d’épaisseur 10 cm.

Dimensions : 2 m (largeur) / 3 m (longueur) / 2 m (hauteur).

Lieu d’installation de l’œuvre : Parc du Lycée Barral 113 rue Marcel BRIGUIBOUL 81100 CASTRES.

 

Consultez la Galerie attachée.

  • Présentation de la démarche du projet et des objectifs pédagogiques :
  1. Amener les élèves à réfléchir, à penser la question de l’hommage et de l’œuvre mémoire.  Comment la mettre en forme ?
  2. Amener les élèves à travailler sur les matériaux, les tester, les mettre en forme, les colorer afin qu’ils deviennent  « mémoire », qu’ils traduisent l’idée de souvenir et d’hommage.
  3. Travailler par étapes et élaborer toutes les phases d’un projet de grandes dimensions (recherches d’idées et d’intentions, croquis, petits volumes en argile pour donner forme aux différentes pièces, transformation et façonnage des matériaux constitutifs de l’œuvre finale : découpe, façonnage, mise en forme, ponçage, recouvrement, résinage, peinture).
  4. Amener les élèves à se mobiliser ensemble autour d’un projet commun. Comprendre que l’union des idées, des actions, des gestes peut  mener à une réalisation à « grande échelle ».
  5. Encourager la sensibilité et les idées de chacun, les amener à confronter et à expliquer leur intention.
  6. Amener le groupe classe à  réfléchir à une installation commune et homogène à partir de plusieurs propositions plastiques individuelles. Comment faire un tout avec plusieurs pièces ? Comment lier plusieurs propositions afin de réaliser une œuvre homogène ?
  7. Réaliser un lieu de mémoire, une œuvre hommage à notre échelle, ancrée dans la mémoire même du Lycée Barral (Monseigneur Pierre-Marie PUECH directeur du petit séminaire de Barral  et l’Abbé Gilbert CUGNASSE ancien de Barral).

 

Au départ de ce projet, les élèves ont visité et assisté à une conférence au Musée de la Résistance et de la Déportation de TOULOUSE.

Ce projet s’est fait en partenariat avec Mme PIETRAVALLE Valérie, professeur d’Histoire-Géo au lycée BARRAL, en lien avec l’enseignement Défense et Sécurité Globale. Dans le cadre de cet enseignement les élèves ont travaillé sur les différents lieux de mémoire de la Résistance dans le département du Tarn.Tous ces lieux ont été répertoriés et cartographiés.

Parallèlement à cela nous avons réalisé en Arts Plastiques un dernier et unique lieu de mémoire dans le parc de notre établissement.

 

 Les étapes des recherches avec croquis et maquettes :

  • Etape 1 : Recherches formelles sous forme de croquis et  maquettes à échelle réduite.

 

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  • Etape 2 : Découpes et façonnage des pièces dans le polystyrène et boulet en béton.

 

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  • Etape 3 : Résinage et mise en couleur.

 

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 Présentation des différents éléments de l’œuvre :

 

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Le pilier du Souvenir. 

   Ce pilier de section carrée de 60 cm de côté et de 2 mètres de hauteur prend l’apparence "texturale" et chromatique du métal ou de la pierre. Sa surface qui rappelle celle d’un mur « pâtiné » par le temps sert de réceptacle et de support à l’écriture de noms de personnages emblématiques de la période de la 2de guerre mondiale durant la Résistance et la Shoah : certains déportés et survivants, d’autres ayant péris dans les camps, ou sous les tortures de la Gestapo, d’autres encore ayant dénoncé le nazisme au péril de leur vie. Tous ont en commun le fait d’avoir créé  par le dessin, la peinture ou l’écrit pour résister, s’opposer, garder une trace de l’indicible et de l’horreur.

Autour de ce pilier, des marches en creux ont été creusées. Ces marches s’élèvent tout autour du pilier de manière hélicoïdale, afin de donner l’impression d’ascension, d’élévation, d’extraction du sol vers le ciel : symbole de l’ascension, à la fois physique et spirituelle

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Le visage de « Guernica »

Référence à l’œuvre Guernica de Picasso, cette pièce se veut être un hommage à l’artiste qui a dénoncé par sa peinture l’horreur du bombardement nazi effectué sur le village espagnol de Guernica. Cette pièce fait référence au personnage qui se trouve sur la toile de Picasso, semblant entrer dans la pièce, avec une bouche  et des yeux ouverts de saisissement.

Dans l’œuvre de Picasso ce personnage qui tient une chandelle dans la main devient la figure de celui qui fait la lumière sur ce massacre, le dévoile aux yeux du monde et dénonce la barbarie nazie sur les civils.

 

Dans notre œuvre ce visage est très expressif, les détails du visage (yeux, arête du nez, bouche)  sont cernés de blanc pour accentuer le sentiment d’effroi face à l’horreur. Ce visage est positionné dans une inclinaison allant vers le haut (le ciel), il semble se dresser, s’ériger malgré la stupeur.

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Le boulet en béton.

Symbole de l’univers carcéral, il rappelle le poids et la douleur infligée aux prisonniers, le sort qui attendait les détenus dans les camps de concentration. D’un diamètre de 30 cm l’échelle disproportionnée de cet objet  permet de marquer la lourdeur,  la négation de la liberté de mouvement s, de pensées, d’humanité.

Cette pièce faite de béton peint et pâtiné, présente des aspérités, des creux signes du passage du temps, de la dureté de la vie. Comme si cette pièce avait subi les affres du climat, l’érosion, de la douleur.

La chaine cassée laisse toutefois présager que la lutte permet de conduire à l’évasion, à la liberté.  

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Le chapeau de Jean Moulin.

Homme de la Résistance française cette pièce se veut un rappel à sa personne et son engagement profond. Le chapeau de feutre qu’il portait très souvent est ici représenté à grande échelle. Il porte un de ses noms de code qu’il utilisait comme résistant « Rex ».

L’échelle surdimensionnée de cet élément permet de le mettre en évidence sur le pilier, et par là-même de lui attribuer une place prépondérante sur notre réalisation.

 

De plus cette pièce vient créer un «équilibre des masses » en faisant le pendant  à la tête de Guernica qui se trouve sur la paroi opposée à celui-ci.

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L’artiste inconnu qui se relève le pinceau à la main.

Symbole de tous les hommes qui ont peint, dessiné ou écrit pour s’opposer, dénoncer, témoigner, garder une bribe d’humanité malgré l’horreur et la peur. Tous ceux qui ont décidé d’utiliser l’art malgré l’interdit, au péril de leur vie.

Ce personnage de 1.50 m de hauteur est réalisé en plaques et tubes d’acier soudés. Il est en position de redressement, son bras tendu vers le haut en avant, un pinceau à la main, le visage relevé. L’ensemble de la pièce est peint, le choix chromatique s’est porté de façon à mettre en valeur les membres, les éléments qui indiquent l’action de se redresser, de s’élever (jambes, bras et tête).

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La brique et les haillons

Ces éléments, se veulent signes et traces de l’horreur nazie. En prenant le parti pris de ne pas « plonger dans l’anecdote surchargée », nous avons décidé de représenter une brique cassée, défaite  à son extrémité et des vêtements usés, troués, salis et résinés pour rappeler le sort réservés à tous ces déportés vers les camps.

Les vêtements vides de corps sont le signe de l’absence, de la mort. La résine fige ces tissus à tout jamais dans le temps. Ils sont boulonnés à la dalle sous cette brique qui en écrase une partie. Cette brique symbole du travail forcé inutile et inhumain imposé aux déportés qui les transforme en main d’œuvre avant leur mise à mort.

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Je ne trahirai pas.

Titre emblématique du poème de la jeune Marianne Cohn, cette phrase devient par là-même le titre de notre installation. Les lettres sont travaillées en jouant sur les différences d’échelle.Elles sont taillées dans du polystyrène, armé et recouvert de tissu de verre et résine.

Leurs contours sont irréguliers, comme rongés par le temps et l’histoire. Mais elles sont érigées, boulonnées à la dalle béton, certaines sont fixées sur un rail en bois.

Ce rail en bois, teinté et résiné, demeure inachevé, et les chevrons et les planches d’une extrémité ont été volontairement cassés. Ceci permet de rappeler l’action armée  des résistants du maquis lors des sabotages des voies ferrées.

 

 

 

Dossier historique : Barral et Pratlong, collèges des justes // Article écrit par Richard Amalvy, 01/09/2017.

Dans le parc de Barral, les élèves de la classe de Première « Défense et Sécurité globale » devant le monument qu’ils ont créé avec leur professeur d’Art plastique. Avec eux, le père Claude Cugnasse, ancien vicaire général, frère de l’abbé Gilbert Cugnasse, et l’abbé Pierre Mathieu, ancien Supérieur du petit séminaire de Barral.  La stèle a été sculptée par Jacques Bourges, ancien élève de Lacrouzette.    

Pendant la deuxième guerre mondiale, les petits séminaires de Castres et de Pratlong devinrent le refuge de professeurs et d’élèves juifs, ainsi que de résistants. Le 16 mai dernier à Barral, une cérémonie commémorait l’action de Mgr Pierre-Marie Puech et de l’abbé Gilbert Cugnasse, déclarés Justes parmi les Nations par le mémorial de la Shoah de Yad Vashem. Récit de Richard Amalvy.

Dans ses mémoires (1), Pierre-Marie Puech, ancien Supérieur du petit séminaire de Castres, décrit l’ambiance qui régnait à Barral pendant la seconde guerre mondiale : « Les mesures prises par Vichy à l’encontre des juifs, les tentatives pour une « jeunesse unique », et le texte de « la charte du travail » avait provoqué un réel désenchantement. Insensiblement, les esprits passaient de la collaboration à la résistance ». Dès lors, le corps professoral se fit un devoir d’éviter toute compromission avec le régime de Vichy et observait une véritable réserve à l’égard des familles qui soutenaient soit la résistance soit le Maréchal Pétain. Mais, au salut aux couleurs qui avait lieu presque chaque dimanche, le prêtre indique : « jamais nous n’avons chanté « Maréchal, nous voilà ! « . L’école préféra entonner le couplet patriotique de La Marseillaise « Amour sacré de la Patrie… ». »

Deux écoles catholiques au service de la résistance

Au fil des cinq années de guerre, de 1940 à 1945, les résistants trouvèrent en Barral un lieu de plus en plus sûr et les prêtres allaient dire la messe auprès d’eux dans la Montagne noire.[...]

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Pour en savoir plus sur le projet

https://www.barralcastres.org/sur-les-chemins-de-la-memoire-la-classe-defense-selectionnee/

https://www.barralcastres.org/arts-plastiques-2-sculpture-hommage-a-la-resistance/