Lors d’un séjour Erasmus+ pour enseignants, en Islande, la formation nous a menée à une visite dans une école primaire/collège. J’ai eu l’occasion d’observer de près l’organisation et les modalités d’enseignement des arts plastiques. Cette immersion m’a permis de découvrir un fonctionnement pédagogique différent de celui que nous connaissons en France, fondé sur l’autonomie, la confiance accordée aux élèves et une attention particulière portée à l’environnement matériel et humain.

Les espaces dédiés aux pratiques artistiques sont ouverts, spacieux et aménagés avec soin. Plusieurs ateliers coexistent : travail du bois, du textile (couture, broderie, tricot, crochet), mosaïque, peinture, gravure, dessin. Chaque espace est conçu comme un lieu de création autonome, équipé pour permettre aux élèves de s’adonner aux différentes techniques, à leur rythme. Le faible effectif – environ cinq élèves par enseignant – favorise un accompagnement individualisé, sans pour autant restreindre la liberté d’expérimentation.

Les élèves évoluent librement d’un atelier à l’autre, choisissent la discipline ou la compétence qu’ils souhaitent développer, et peuvent consacrer à chaque activité le temps qu’ils jugent nécessaire. Des supports numériques sont accessibles en fonction des besoins ou des projets, sur de grands écrans, projetés, ou bien sur des tablettes et des ordinateurs mis à leur disposition. L’enseignant occupe une position de ressource : il accompagne, conseille, et soutient les démarches engagées par les élèves, sans imposer de progression uniforme.

Au-delà des apprentissages artistiques, l’ensemble du cadre scolaire montre une pédagogie qui semble centrée sur la responsabilisation et le respect du cadre de vie. Le tri et la récupération des matériaux sont organisés avec les élèves, qui participent également au rangement, au nettoyage des espaces et à la gestion du matériel. Le réfectoire, équipé de meubles pliables, est transformé après les repas en salle polyvalente (espace de jeux, de projection de films, de vie collective), les enfants prenant part à cette transformation en installant la salle avant les repas et en repliant le mobilier après. La possibilité de circuler pieds nus, ou en chaussettes, de consommer des fruits coupés ou des snacks lorsqu’ils le souhaitent, ou de s’installer dans les différents espaces selon leurs besoins montre à quel point le bien-être de l’élève est au centre des préoccupations.

Ce qui ressort de cette visite, c’est une approche pédagogique qui valorise l’initiative, le tâtonnement, la responsabilité et le plaisir d’apprendre. Les élèves semblent évoluer dans un cadre rassurant, propice à la créativité, dans lequel les enseignements artistiques occupent une place centrale, non comme disciplines isolées mais comme vecteurs de développement global de l’enfant, qui découvre des savoir-faire réels, menant vers une prise de responsabilité à l’âge adulte en ce qui concerne le consumérisme. Ils sont capables, à la fois, de produire eux-mêmes des objets utiles, fonctionnels, et de laisser parler leur imagination, en lien avec toutes les techniques plastiques qu’ils ont expérimentées à l’école, pour continuer à créer.