Aborder l'expression écrite en espagnol au LP

Les difficultés identifiées en Expression Écrite

Enseignante d’espagnol en LP, j’ai remarqué les difficultés de mes élèves lorsque je les mettais en situation d’examen d’expression écrite. Face à leur copie, nombre d’entre eux avaient un blocage et rendaient une ou deux phrases hésitantes, ou bien une production en français, ou encore une copie blanche. Les mots d’encouragement ne semblaient pas suffisants pour les motiver, surtout dès lors que la production était notée. J’ai analysé trois difficultés majeures des élèves. Le manque de confiance en soi est selon moi le premier facteur de démotivation et d’échec, certains élèves étant habitués à échouer, ils n’essaient même plus de réussir. Ce manque de confiance est aussi lié à la difficulté des élèves à trouver des idées pour répondre au sujet, ainsi qu’à réactiver leurs connaissances en langue cible. D’autre part, la deuxième difficulté majeure est le manque de lexique et la troisième les faiblesses en syntaxe.


La nécessité d’un entraînement régulier à l’Expression Écrite

J’ai donc décidé de faire écrire régulièrement mes élèves en classe (les devoirs maisons étant souvent pollués par les traducteurs en ligne), avec le support du dictionnaire et du cahier, sans les noter. Cependant, certains élèves, dans ces conditions, ne fournissaient pas assez d’efforts de recherches, d’essais-erreurs, nécessaires à l’apprentissage.


Des pistes concrètes pour faciliter le passage à l’écrit et pour réussir la production écrite

Il fallait donc apporter des béquilles aux élèves tout en les évaluant. Mon idée était qu’un fort guidage aide à la confiance en soi car il favorise la réussite. Guider les élèves en expression écrite consiste à expliciter le sujet et expliciter les outils nécessaires à la réalisation de la production. Ainsi, donner le sujet à l’avance, le réexpliquer, le reformuler en classe, enlève un premier obstacle et donne la possibilité aux élèves de trouver des idées en amont et de chercher le lexique nécessaire à la production dans le cahier et le dictionnaire. On peut aussi faire repérer aux élèves les structures syntaxiques dont ils auront besoin (les temps et modes verbaux, les structures de la comparaison, etc.).

Dans un premier temps, afin de guider les élèves en amont, mais aussi pendant l’évaluation, je leur ai proposé de créer un brouillon en classe, auquel ils auraient accès pendant la production.

Exemple : en classe de seconde professionnelle, sujet d’expression écrite :

¿Qué superhéroe serías?

Escribe en 10 líneas cuál sería tu nombre de superhéroe, tus superpoderes, tu causa, cómo ayudarías con tus habilidades.

J’ai distribué aux élèves un tableau reprenant les éléments du sujet et faisant office de brouillon.

Verdadera identidad

 

Nombre

Superpoderes

Causa

Acciones (¿qué haces?)

 

 

 

 

 

 

Les élèves ont pu le remplir en classe. Ils pouvaient y annoter des mots clés, des idées. C’était un exercice de prise de note à l’aide du cahier d’espagnol et du dictionnaire. Les tableaux étaient ramassés en fin de séance, contrôlés (afin de vérifier qu’ils ne contenaient que des mots clés) et redistribués avant l’évaluation. Les élèves ont ensuite rédigé leur réponse au sujet qu’ils avaient déjà analysé, pour lequel ils avaient déjà trouvé les idées et en ayant accès au lexique nécessaire. Les résultats ont été assez bons, les élèves ont tous rendu des productions plus longues.

Conseiller aux élèves de travailler en deux temps grâce à la technique des « deux jets »

Dans un deuxième temps, j’ai utilisé le système proposé en classe de français langue maternelle que j’appelle celui des deux jets qui consiste à demander aux élèves d’écrire une première fois, puis de reprendre sa copie. C’est un travail en deux temps.

Exemple : en classe de seconde professionnelle, sujet d’expression écrite : 

Image
esp2

Le sujet avait été analysé en amont mais les élèves n’avaient cette fois pas de supports pendant l’évaluation. Ils savaient toutefois que le premier jet ne serait pas noté, ils n’avaient donc pas à craindre de faire des erreurs (on peut aussi choisir de donner une note et de la modifier ensuite). J’ai ensuite annoté les premières productions, sans les corriger, en utilisant un code couleur : Rose pour le lexique, bleu pour le point de syntaxe abordé dans la séquence (la comparaison et le superlatif), vert pour les conjugaisons, « P » pour la ponctuation, et souligné pour les parties manquantes du sujet. En classe, les élèves ont pu corriger leurs copies à l’aide du dictionnaire, d’un outil de conjugaison ligne, du cahier, et d’un récapitulatif du point de syntaxe.

Des exemples d’aménagements pour les élèves à besoins particuliers

Pour une élève ayant un PAP et qui m’avait rendu une production en français, j’ai proposé un texte à trous à partir de sa production. Ce travail de correction, motivé en partie par une note, a permis une bonne mise au travail et a engendré un réel effort de recherche de la part des élèves qui ont pu apprendre de leurs erreurs. Les résultats ont également été assez bons.

Les plus-values de cette expérimentation

Ces deux évaluations guidées ont permis aux élèves d’avoir des résultats supérieurs en expression écrite et de développer leurs compétences en écriture, de comprendre comment se préparer à cet exercice (faire un brouillon, réactiver des connaissances, chercher des informations), mais aussi d’apprendre à apprendre à partir de leurs erreurs.

Proposer des béquilles aux élèves lors des évaluations semble donc être un bon palliatif au manque de confiance en soi et de connaissances de nos élèves. Il faut procéder par étapes et réduire ces guidages, petit à petit : en explicitant le sujet mais sans outils lors de l’évaluation, sans expliquer le sujet mais avec des outils, etc… afin d’entraîner les élèves à être de plus en plus autonomes face à leur page blanche.

Nous remercions Mme Alice Nancy, professeur d’espagnol dans l’Académie de Bordeaux, pour ce partage.