« CHOSES VUES » : RÉCIT OU ARTICLE, QUELLE DIFFÉRENCE ?

Niveau : classe de seconde

Objet d’étude : la littérature d’idées et la presse du XIXe siècle au XXIe siècle

Projet de la séquence : Explorer la tension entre romancer et écrire le réel : écrire c’est « peindre » mais c’est aussi « maquiller » le réel. Les cinq extraits étudiés portent cette tension entre écriture romanesque et écriture journalistique. Écrits par des auteurs de récits, ils rendent compte de ce brouillage entre les genres. Ils interrogent aussi la position de l’auteur : suffit-il de voir pour témoigner ? Peut-on s’affranchir de la fiction dès lors que l’on raconte ?

Problématique de séquence : Voir pour raconter : le romancier ou le journaliste peuvent-ils s’affranchir de la fiction dès lors qu’ils racontent ?

 

Explications de texte   :
  • Extrait 1 – Victor Hugo, Choses vues, 1846
    Titre de la séance : voir sans être vu (explication linéaire)
    Projet de lecture : le texte constitue-t-il un article ou une nouvelle ? 

 

  • Extrait 2 – Guy de Maupassant, Bel Ami, Partie I, chapitre III, 1885
    Titre de la séance : « Il n’y a que ça qui intéresse » (commentaire littéraire)
    Écrit d’appropriation pour entrer dans le texte : « il n’y a que ça qui intéresse » : que pourrait désigner ce pronom « ça » ? Quel serait le seul sujet intéressant de la presse selon vous ?                                                                                                                                                                                         Projet de lecture : Comment la fascination de Duroy pour la femme laisse-t- elle toutefois transparaître une féroce satire du journalisme ?    

   

  • Extrait 3 – Colette, « Dans la foule », publié dans Le Matin, le 2 mai 1912. Signé Colette Willy. Début de l’article.
    Titre de la séance : « L’exécrable esprit spectateur »
    Projet de lecture : Comment Colette utilise-t-elle des stratégies de romancière pour critiquer dans un article le voyeurisme journalistique ?

 

  • Extrait 4 – Albert Camus, « Misères de la Kabylie », conclusion, publié dans Alger Républicain, 15 juin 1939, fin de l’article.
    Modalité de la séance : évaluation de fin de séquence sous la forme d’un commentaire littéraire (rédaction d’une partie)
    Projet de lecture : montrer comment Camus met en valeur dans cet article son rôle d’écrivain, à savoir celui d’appeler par les mots à l’action.

     

  • Extrait 5 – Joseph Kessel, L’Armée des Ombres, 1943, extrait de la préface
    Titre de la séance : « il fallait maquiller les visages »
    Objectifs : travailler l’argumentation de la préface pour montrer comment Kessel dénie la fiction pour mieux justifier sa présence pour retranscrire le réel. Montrer comment il revendique l’aspect journalistique de son roman dès le début : « il n’y a pas de fiction ».
Prolongements

Histoire littéraire et prolongements artistiques et culturels : les images dans la presse, panorama historique

Étude de la langue

Les valeurs du présent, porteuses d’une tension entre journalisme et romanesque :

  •  le présent d’énonciation ou d’actualité est la marque du récit : on le trouve dans les dialogues ou la narration (analyses extraites du texte de Colette).
     
  • le présent de vérité générale, marque d’une argumentation (cf texte de Hugo). Chez Maupassant : étudier les présents à valeur gnomique prononcés par Mme Forestier.
Préparation aux EAF
  • Explication linéaire, commentaire littéraire

  • Initiation à la contraction de texte : l’article tiré de Le Temps des médias 

  • Essai : Selon vous, quel est le rôle de l’auteur face à ce qu’il voit ? Appuyez- vous sur l’ensemble des textes de la séquence.


    Cet essai sera l’occasion d’une séance de bilan mettant en perspective les textes du corpus

Hugo se positionne comme un témoin détaché : en poète- mage, il transmet sa vision aux lecteurs et se fait guide. 

Colette, également témoin, adopte un regard journalistique pour mieux le dénoncer. Elle critique la tentation du voyeurisme et du spectacle en journalisme comme en littérature. Elle n’est pas simplement témoin puisqu’elle est dans l’action et nous y fait participer.

 Pour Maupassant, ce que voit l’auteur est une création de l’esprit. Le réel est celui de l’imagination dans Bel Ami. Si la fiction est louée dans le roman, elle est aussi fortement critiquée chez les journalistes.

 Pour Kessel, l’écrivain a un devoir de témoignage lorsqu’il s’agit de l’Histoire. 

Chez Camus, les mots ne permettent pas de faire voir mais de rendre sensibles. L’auteur n’est pas seulement celui qui voit mais celui qui participe et appelle à faire de même. 

 

Lecture cursive

 

Bel-Ami, Maupassant, 1885

Activité orale d’appropriation, en vue de la préparation à l’épreuve d’explication linéaire :


     ➢ demander aux élèves de sélectionner un extrait d’une vingtaine de lignes en lien avec la question du journalisme puis d’enregistrer une lecture expressive de l’extrait retenu.


     ➢ Ils doivent assortir leur enregistrement d’une note d’intention qui revient d’abord sur les raisons du choix de l’extrait (importance de l’extrait dans l’économie générale du roman ? délimitation de l’extrait ? singularité de l’extrait ? etc.) puis explique et justifie les choix de mise en voix (J’ai insisté sur tel mot parce que... J’ai mis un silence ici pour mieux faire sentir que... J’ai choisi de mettre en évidence telle ou telle tonalité...).