Le seul vrai voyage, ./. ce ne serait pas d'aller vers de nouveaux paysages, mais d'avoir d'autres yeux... ./. (Marcel Proust, La Prisonnière)
EXPOSITION "VOYAGE(S) IMAGINAIRE(S)"
Du 08/11/21 au 13/12/21
GALERIE DU COLLEGE LAKANAL - FOIX
Vous êtes invités au vernissage JEUDI 25 NOVEMBRE 2021 à partir de 18h
Parce que « Le vrai voyage ce n’est pas de chercher des nouveaux paysages mais un nouveau regard » comme l’a écrit Marcel Proust, l’exposition « VOYAGE(S) IMAGINAIRE(S) » réalisée en partenariat avec les Abattoirs, Musée - Frac Occitanie Toulouse, nous invite à découvrir une sélection d'œuvres singulières, sensibles et engagées, d’artistes d’horizons divers, porteuses d’une pluralité de sujets tels que l’exil, la mémoire, questionnant aussi les notions d’ailleurs, de déplacement réel ou fictif dans le temps et l’espace.
Contraint à la migration vers la France, suite aux atrocités de la guerre d’Espagne, Joan Jorda (1929-2020) développe une peinture tragique et expressive où apparaissent, dans un style direct et simplifié, des dessins cernés de noir, en libérant la couleur : la figure humaine et des formes-signes symboliques s’y mêlent étrangement avec l’animal.
Tania Mouraud (1942) est une figure emblématique de l’art contemporain français et une grande voyageuse. Dans sa vidéo de 7 mn « Sightseeing » 2002 qui se traduit par « Tourisme », à comprendre comme « ce qu’il faut voir absolument », nous fait vivre l’expérience d’une lente et sombre traversée d’un paysage de campagne enneigée, filmée à l’arrière d’une voiture, au son mélancolique d’une clarinette, qui s’achève sur un plan silencieux, devant l’entrée du camp de concentration du Struthof, à Natzviller (Alsace). Tout en sollicitant nos sens pour nous faire éprouver des émotions, Tania Mouraud cherche à faire appel à notre mémoire collective, en évoquant le drame de la Shoah dans le temps présent.
Certains artistes se sont intéressés aussi à la cartographie et ont représenté de manière symbolique ou réelle tout ou partie du monde. La lithographie « Mappemonde » (1981) de François Boisrond (1959), associé au mouvement de la figuration libre dans les années 1980, donne ainsi à voir une carte imaginaire, de composition circulaire et en aplats colorés, dont les dessins schématisés s’inspirent de la culture populaire et dénoncent la montée en puissance des médias: la télévision, les jeux vidéo, la publicité et la BD…
Proche des dadaïstes et des surréalistes, Léo Scapel (1949) de son vrai nom « Michel Joncour » détourne et assemble des objets urbains et des images recyclés. Dans son œuvre « Politique-Boomerang » 2002, les éléments tels que le boomerang, la cible, le schéma de l’avion, le timbre, le plan de la ville de New-York peuvent représenter la métaphore du mouvement, du transport et du déplacement vers un ailleurs mais aussi dans une lecture plus politique l’attentat du World Trade Center en 2001. En utilisant la dérision face à la surproduction et à la violence de notre époque, il veut revendiquer un art pauvre, d’anti-consommation.
Dans son œuvre lumineuse et gravée « Dunes », Arthur Luiz Piza (1928-2017), d’origine brésilienne, organise les formes et les lignes comme une architecture de figures géométriques, avec un jeu subtil de nuances d’ocre, d’orangé, pouvant évoquer des paysages oniriques, rappelant ceux de Paul Klee, peints lors de ses voyages dans le sud de la Méditerranée.
Les scènes peintes à la gouache sur papier, aux couleurs intenses, de Jean-Claude Bohin alias Rodogune (1954) nous transportent dans un univers merveilleux de légende où les époques semblent mélangées et où se croisent des figures humaines, des animaux fabuleux sur des navires, en bord de mer, à l’instar des voyages d’Ulysse et de ses marins dans l’Odyssée d’Homère. Tout en relevant de l’imaginaire, ses petites histoires dessinées pourraient aussi illustrer les épreuves nécessaires avant de rentrer chez soi transformé.
En espérant avoir le plaisir de vous y retrouver.
Cordialement,
Valérie Damblé - Professeur d'arts plastiques - Collège Lakanal, Foix
Pistes pédagogiques