Santé scolaire : "une formation à la santé mentale" pour les personnels de vie scolaire et CPE

Pointant des "préoccupations sur la santé mentale" des jeunes, Pap Ndiaye annonce le 24 mai 2023 qu’une "formation à la santé mentale pour les personnels de la vie scolaire et les CPE" sera lancée dès la rentrée 2023. Il ne s’agit "pas de soigner mais de détecter les états de fragilité et de difficultés des élèves", précise le ministre. Objectif : "Former a minima deux adultes par établissement au secourisme en santé mentale en 2023-2024". En outre, un modèle de protocole sur la santé mentale sera décliné dans chaque établissement.

 

 

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Pap Ndiaye souhaite que la formation permette de "détecter les états de fragilité et de difficultés des élèves". Droits réservés - DR - Priscilla Du Preez/Unsplash

Dans une interview mi-mai, le président de la République avait évoqué deux sujets dont "on parle encore trop peu pour nos jeunes : l’obésité et la santé mentale" (lire sur AEF info). Au lendemain d’une mobilisation des infirmières de l’Éducation nationale (lire sur AEF info), et quelques jours après la publication d’un rapport parlementaire mettant en lumière les défaillances de la médecine scolaire (lire sur AEF info), Pap Ndiaye s’empare du sujet.

Dans un entretien à l’AFP, le 24 mai 2023, le ministre de l’Éducation nationale l’admet : "Il n’y a aucun doute, la situation de la santé scolaire n’est pas satisfaisante et nous devons agir". Et de pointer notamment les "préoccupations sur la santé mentale" des jeunes, avec "une vigilance particulière pour les pré-ados et ados".

Selon Pap Ndiaye, "le confinement n’a pas aidé, il a certainement aggravé les difficultés préexistantes", pouvant mener à des "tentatives de suicide et d’une manière plus générale des états dépressifs qui affectent les trajectoires scolaires".

UN NUMÉRO VERT DANS LES CARNETS DE CORRESPONDANCE

Dès lors, le ministre annonce lancer, dès la rentrée prochaine, "une formation à la santé mentale pour les personnels de la vie scolaire, les conseillers principaux d’éducation (CPE), non pas pour soigner mais pour détecter les états de fragilité et de difficultés des élèves".

Selon le ministère, il s’agit de "former a minima deux adultes par établissement au secourisme en santé mentale, dont les CPE, durant l’année scolaire 2023-2024".

Le ministre souligne que ces personnels peuvent aussi "orienter vers des séances 'Mon parcours psy', car les ados ont le droit à huit séances gratuites chez le psy".

Par ailleurs, le numéro national de prévention du suicide (31-14) va "être inscrit dans tous les carnets de correspondance de tous les élèves de collèges et lycées", précise Pap Ndiaye. Ce numéro peut également être utilisé par les professionnels de l’Éducation nationale, ajoute-t-on rue de Grenelle.

"PROPOSER UN DISPOSITIF NORMÉ À L’ÉCHELLE DU PAYS"

Le MENJ souhaite aussi qu’un modèle de protocole sur la santé mentale soit décliné dans chaque établissement. "L’idée est de proposer un dispositif normé à l’échelle du pays pour la détection et le suivi des élèves qui présentent des signes de fragilité mentale", explique le ministre.

En juin, un autre rapport sur le sujet, produit par trois inspections générales (IGA, IGESR et IGAS), devrait paraître et proposer de nouvelles mesures d’amélioration en matière de santé scolaire.

PAS UN PROBLÈME DE MOYENS, SELON LE MINISTRE

Alors que l’Éducation nationale fait face à un manque de médecins scolaires, Pap Ndiaye assurait, à l’Assemblée nationale, le 10 mai, que la raison n’était pas un manque de moyens : "Les postes de médecins existent mais nous avons des difficultés pour trouver des personnels. C’est un problème d’attractivité plus que de moyens : un tiers des postes de médecins scolaires sont vacants".

Et d’affirmer que le ministère a "revalorisé la carrière des médecins depuis 2017", même si "cela ne suffit pas", et qu’une "revalorisation des infirmières est engagée", accompagnée d’une "politique volontariste de promotion de ce métier dans les écoles d’infirmières". Le ministre indique que le nombre de postes au concours d’infirmières scolaires a augmenté de 22 % en 2023.

Globalement, pour Pap Ndiaye, "l’enjeu est de refonder la santé scolaire pour améliorer le système, dans le cadre d’une stratégie nationale piloté par le ministère de la Santé".