Colloque Défense-EMI | CLEMI

Information, désinformation, guerre informationnelle :
enjeux de citoyenneté et de défense

12 novembre 2025
En présentiel et distanciel pour les auditeurs – manifestation ouverte aux enseignants, auditeurs de l’IHEDN, militaires, étudiants du DUSQDSN et toute personne intéressée.
La guerre informationnelle s’impose aujourd’hui comme une composante centrale des relations internationales et de la conflictualité contemporaine. Longtemps considérée comme une dimension secondaire ou périphérique de l’affrontement, elle est désormais pensée comme un champ de bataille à part entière, au même titre que les espaces terrestre, maritime, aérien, spatial et cyber.
Le concept lui-même recouvre une pluralité de réalités. D’un côté, il désigne l’usage stratégique de l’information pour influencer les perceptions, orienter les comportements et affaiblir la cohésion de l’adversaire. De l’autre, il renvoie à la capacité de protéger ses propres flux informationnels contre les ingérences extérieures. Autrement dit, la guerre informationnelle est à la fois offensive (désinformation, manipulation, propagande) et défensive (sécurisation des systèmes d’information, éducation critique des publics).


La nouveauté réside dans l’ampleur et la rapidité que permettent les technologies numériques. L’espace médiatique mondialisé, couplé aux réseaux sociaux et à l’intelligence artificielle générative, offre une puissance de frappe informationnelle inédite : rumeurs virales, campagnes coordonnées de désinformation, « deepfakes » indistinguables du réel. Le brouillage volontaire entre vrai et faux constitue ainsi l’une des armes les plus efficaces pour miner la confiance dans les institutions, déstabiliser l’opinion publique et polariser les sociétés.


Ce phénomène est d’autant plus préoccupant pour les régimes démocratiques que leur fonctionnement repose sur la libre circulation de l’information et le débat contradictoire. Là où les régimes autoritaires peuvent verrouiller l’espace médiatique interne, les démocraties sont exposées à des ingérences informationnelles massives qui exploitent leur ouverture. La guerre informationnelle apparaît alors comme une menace de souveraineté : il s’agit moins de convaincre que de fragmenter, de saturer l’espace public d’incertitudes pour entraver la formation d’un jugement éclairé.


Les enjeux sont considérables. Ils touchent à la sécurité nationale, bien sûr, mais également à la qualité du débat démocratique et, plus largement, à la capacité collective de distinguer le vrai du faux. Répondre à cette menace suppose un équilibre délicat : il ne s’agit pas de restreindre la liberté d’expression, mais de renforcer l’éducation aux médias, la transparence des institutions et la résilience des sociétés. Dans ce cadre, l’esprit critique et la confiance dans des sources d’information fiables constituent des armes de défense tout aussi stratégiques que les systèmes de cybersécurité.


Ainsi, la guerre informationnelle ne peut plus être considérée comme un phénomène marginal ou conjoncturel. Elle est devenue une dimension structurelle de la conflictualité moderne. Sa maîtrise, tant dans ses aspects techniques que dans ses implications sociopolitiques, représente un enjeu crucial pour la stabilité internationale et la vitalité démocratique.