Réaliser des booktrailers avec Powtoon en 2nde

Qu'est-ce qu'un booktrailer ?

Par Solène Font, Canopé (Lettre Doc'Toulouse n°1)

 

 

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Book trailer est un terme anglo saxon qui signifie, littéralement, "bande annonce de livre".
Le book trailer est donc, pour la littérature, ce que la bande annonce est au cinéma : une courte présentation sous format vidéo visant à promouvoir la sortie d'une oeuvre auprès du grand public.

Si, de par son côté dynamique et attractif, le book trailer peut être un excellent outil d'incitation à la lecture, il offre aussi l'opportunité de scénariser, de manière interactive, une expérience singulière de lecteur.

Dans un cadre scolaire, la réalisation de book trailers a un double intérêt. D'une part, elle permet à l'élève de devenir auteur en exprimant une vision personnelle d'une œuvre ; d'autre part, elle oblige celui-ci à se positionner en tant que récepteur pour être capable de choisir les outils de communication les mieux adaptés au message qu'il veut transmettre.

 

Aujourd'hui, de nombreuses applications en ligne issues du web 2.0 permettent de créer de courtes vidéos et peuvent se prêter aisément à l'exercice du book trailer. A titre d'exemples, Powtoon, Animoto, Moovly ou Prezi ont l'avantage de proposer une version gratuite et permettent d'intégrer facilement les productions réalisées dans le portail documentaire du CDI : une aubaine pour le professeur documentaliste...

 

Pour aller plus loin


 

Réaliser des booktrailers avec Powtoon en classe de Seconde

Par Fabien Guidt, professeur documentaliste, Lycée Pardailhan, Auch (32) (Lettre Doc'Toulouse n°4)

 

Contexte de la séquence et objectifs : promouvoir la lecture et travailler l’EMI autour d’une création multimédia

A la suite des JDD 2015 et de la présentation des outils de storytelling, j’ai décidé d’expérimenter la création de booktrailers avec deux classes de seconde. L'objectif du projet était de faire la promotion d’une bande dessinée du CDI par la création originale et la diffusion de booktrailers réalisés par les élèves.

La séquence s’est étalée sur cinq heures dans le cadre de l’AP et s’est donné pour objectifs, comme pour les autres séquences dans le cadre de l’AP au CDI, de permettre à l’élève d’acquérir des méthodes de travail et notamment, en ce qui concerne ce projet, des compétences de communication et d’expression.

L’autonomie y a été encouragée et cette activité attrayante a permis de motiver les élèves autour d’un projet culturel et de développer des compétences info-documentaires, de s’approprier un outil, sans avoir l’impression de réaliser un travail scolaire.

 

Un scénario pédagogique

Après une présentation des objectifs attendus et de quelques exemples pris chez certains éditeurs (permettant de revenir et réfléchir sur la logique a priori commerciale de l’objet), les élèves ont pu aborder la notion des droits (texte, image, son…) et se placer eux-mêmes en situation d’auteur d’œuvre originale.

Cette responsabilisation faite, j’ai décidé, pour une classe, d’intégrer un autre degré de responsabilisation en formant des groupes de deux élèves au sein duquel l’un était en charge de la partie storytelling en tant que « scénariste » et un autre en tant qu’ « illustrateur ».

Ce dispositif, entre répartition des tâches et jeu de rôle, a été choisi à la fois pour créer une dynamique au sein d’une classe ayant des difficultés avec le travail et le travail en autonomie plus particulièrement, et mobiliser l’ensemble des élèves autour d’un même projet. Les élèves ont tout de suite répondu favorablement aux attentes du scénario pédagogique et ont commencé dès la première heure à réfléchir sur leur projet de façon dynamique et concertée.

 

De la prise d’images à la diffusion du booktrailer

La prise en main des fonctions de base de Powtoon n’a pas été vraiment une difficulté pour les élèves. Il est cependant nécessaire au professeur-documentaliste d’expérimenter au préalable l’outil dans toutes ses fonctionnalités afin d’anticiper au mieux les remarques des élèves et de pouvoir ainsi maintenir leur motivation dans le projet.

La capture d’images a été facilement réalisée par l’utilisation de tablettes numériques. Cette phase du projet m’a permis d’aborder avec les élèves les notions de pixellisation, de découpage, de qualité et taille d’image, ainsi que le champ et le cadrage qui participent déjà du storytelling en soulignant l’importance du choix de l’illustration et de sa dimension narrative.

Chaque groupe d’élèves a travaillé ensuite sur l’adéquation entre image et texte de présentation en fonction du développement de leur projet. De la même manière, le choix de la musique, à partir de banques de données libres et gratuites, a été réfléchie à la fois comme apport à l’atmosphère du booktrailer, et comme partie intégrante de la narration avec ses changements de rythmes et ses silences.

De plus, j’ai ménagé avec les élèves des temps collectifs de prévisualisation des projets au vidéoprojecteur pour mettre en place, d’une part, une évaluation par les pairs riche en conseils et, d’autre part, revenir sur les détails techniques inhérents à l’utilisation de l’outil informatique et aux notions de montage. L’émulation entre les groupes a vraiment été efficace et a apporté un regard critique pertinent tout en développant l’imagination et les capacités créatives chez certains élèves.

Une fois les projets réalisés, les élèves ont pu intégrer le code source de leur booktrailer sur un article à leur nom dans l’espace CDI de l’ENT de l’établissement. La motivation des élèves a été double : d’abord par la réalisation d’une production originale multimédia ; ensuite par la publication d’un article personnel sur l’espace numérique de l’établissement.

Il est à noter que certains élèves en difficulté avec les attentes scolaires du lycée ont pu s’impliquer activement jusqu’à la fin du projet et faire ainsi la promotion d’une bande dessinée disponible au CDI et ainsi s’approprier à la fois l’objet et le lieu.

 

Valorisation des projets et réinvestissement des acquis

La dernière heure du projet a été consacrée à la création de flashcode par les élèves. Ils ont pu accoler sur les couvertures des bandes dessinées le flashcode renvoyant à leur vidéo de présentation. Nous avons également profité de la dernière heure pour faire une présentation au vidéoprojecteur des booktrailers réalisés et ainsi clôturer le projet sous une note vraiment sympathique aux allures de festival…

Nous avons également imaginé une diffusion des booktrailers sur des écrans

« stratégiques » de l’établissement (file d’attente du self, cafétéria…) afin de toucher un public d’élèves élargi. Une « table-expo » sera placée au CDI pour présenter les bandes dessinées et familiariser les autres élèves avec les flashcodes.

L’outil du booktrailer a même été réutilisé par certains élèves pour réaliser des travaux en anglais. A titre anecdotique, leur professeur a même cru dans un premier temps que le travail effectué en anglais n’était pas une production personnelle mais « récupérée sur internet ». Cette remarque montre bien, en plus de la réutilisation dans différents contextes pédagogiques, que la production des élèves a gagné en qualité et en perception. La réussite du projet se mesure ainsi également par cette réexploitation des compétences et de l’outil dont les élèves se sont assurément emparés.

 

Perspectives

Cette séquence sur la réalisation de booktrailers a permis ainsi aux élèves de devenir partie intégrante d’un projet croisant, entre autres, des compétences d’EMI et de lecture. Les élèves ont pu se positionner en tant que lecteur, auteur, critique et médiateur. En tant que professeur-documentaliste, ce projet permet, outre le volet culturel, d’aborder à chaque étape, une palette de notions de l’EMI et de mettre en place l’apprentissage de plusieurs compétences tout en travaillant dans un contexte valorisant et positif pour l’élève.

Le bilan de fin de séquence avec les élèves a révélé que l’activité a été jugée très intéressante et que ces derniers ont été sensibles au travail en équipe, à la notion de droit et à la création multimédia.

Certains collègues de discipline ont également pu découvrir les travaux des élèves et nous réfléchissons déjà à des projets autour de cette activité pour d’autres classes afin de travailler des notions info-documentaires, disciplinaires ainsi que l’expression orale en s’appuyant sur ce type de production vidéo. Nous essayons ainsi, avec un professeur de SES, de préparer un projet où les élèves devront, à partir de recherches documentaires et de sources différentes, schématiser des notions d’économie afin de les présenter à la classe à partir d’une vidéo succincte, façon Dessine-moi l’éco.