Bookcrossing ou livres voyageurs

Qu’est-ce qu’un bookcrossing ?

Le bookcrossing est un phénomène mondial qui a vu le jour en 2001 et qui permet à tout un chacun de faire circuler des livres dans la nature. Les bookcrosseurs peuvent ainsi “libérer” des livres dans un lieu choisi en les ayant auparavant enregistrés sur le site internet dédié au Bookcrossing. Chaque "livre voyageur" y est identifié par un numéro unique qui permet à chaque bookcrosseur de signaler à la communauté qu’il a trouvé le livre. Il peut également laisser un commentaire sur le livre, le lieu où il l’a trouvé et la date à laquelle il a "libéré" à nouveau le livre. Chacun peut ainsi suivre le parcours des livres enregistrés ou s’informer sur les livres libérés à proximité de chez lui et partir à leur recherche.

 

Comment as-tu eu l'idée de cette animation ?

Lors de l’arrivée du bookcrossing dans les grandes villes en France en 2003, la presse a relayé ce moyen ludique de se rapprocher du livre et de la lecture et de découvrir au hasard d’un banc public un livre que l’on aurait jamais eu l’idée de lire. Des villes plus petites et des quartiers se sont également saisis de cette idée en proposant des bookcrossing et des formes plus hybrides comme l’installation de bibliothèques de rues.

Le phénomène ayant du succès dans la rue, les professeurs documentalistes ont eu l’idée de l'expérimenter dans les établissements scolaires.

 

Quels sont les intérêts de mettre en place un bookcrossing dans un établissement scolaire ?

Il faut tout d’abord rappeler que cette animation est à destination de l’ensemble des acteurs de l’établissement scolaire. Le personnel administratif, comme les agents du lycée et les professeurs peuvent en bénéficier au même titre que les élèves. Concernant les élèves cette animation est un moyen ludique de rapprocher de la lecture ceux qui lisent peu et qui empruntent peu de livres. Ces élèves qui fréquentent peu ou pas du tout le CDI, les bibliothèques municipales ou les librairies rencontrent des livres
dans des lieux inattendus de l’établissement. La curiosité les pousse ainsi à aller vers l’objet livre.

Les élèves bookcrosseurs rencontrent également par le biais de cette animation des livres qu’ils n’auraient peut-être pas eu l’idée d’emprunter ou d’acheter.

De plus, cette animation propose aux élèves une relation libre à la lecture, sans les contraintes d’enregistrement d’emprunt, sans le cadre formel du Centre de Documentation ou le regard de l’adulte sur son statut de lecteur.

 

Comment as-tu procédé pour mettre en oeuvre cette animation ?

Cette animation s’est mise en place en collaboration avec le FSE qui a financé l’achat des livres. Elle a duré sur les 4 derniers mois de l’année scolaire. L’idée était de proposer une trentaine de livres de genre et de format variés. Le choix s’est donc porté sur quelques petits documentaires comme ceux de la collection “Points Grands discours”, quelques livres de psychologie grand public et surtout des romans et des nouvelles de tous genres, pour de plus ou moins grands lecteurs. Il s’agissait de livres que l’on ne trouvait pas forcement dans les rayonnages du CDI.

Pour mettre en appétit les élèves, une campagne de communication sous la forme d’un teasing composée de trois messages énigmatiques a été lancée 3 semaines avant le lancement de l’opération. Des affiches explicatives ont été réalisées pour accompagner le lancement du bookcrossing et une page a été consacrée au projet sur l’espace CDI de l’ENT. Deux QRcode placés sur les affiches, l’un renvoyant à l’ENT pour que les élèves puissent découvrir la liste complète des livres et l’autre pour accéder au site Bookcrossing.com.

Après avoir enregistré et équipé les livres, certains ont été “libérés” dans les 2 boîtes bibliothèques positionnées dans des lieux stratégiques du lycée (Hall d’entrée et hall du foyer et de l’internat et d’autres FSE) et quelques autres ont été dispersés dans des lieux couverts du lycée (sur des bancs, des casiers,...).

 

Quel bilan tires-tu de cette expérience ?

Les élèves comme les professeurs ont été enthousiastes dès le départ.

En 4 mois nous avons pu constater que les livres allaient et venaient dans les boîtes-bibliothèques. Ceux placés de manière individuelle sur des bancs ou autre ont finalement rejoint les boîtes au fur et à mesure des "emprunts". Certains élèves ayant découvert des auteurs nous ont également demandé si nous avions au CDI d’autres livres de ces mêmes auteurs.

Le point négatif porte sur le retour des bookcrosseurs sur le site bookcrossing.com. Peu de commentaires ont été déposés malgré les explications apposées sur les étiquettes des livres et sur les affiches. Nous avons au final récupéré un peu plus de la moitié des livres. Nous espérons que les autres poursuivent tranquillement leur chemin dans la nature !

Le bilan nous a semblé tout de même plutôt positif au regard des retours oraux que nous avons eus et des allées et venues des livres. Cela m’a donc poussé à reconduire le projet cette année avec trois boîtes-bibliothèques.

 

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Interview de Cécile Lorillon, professeur documentaliste au lycée Marie-Curie de Tarbes, parue dans Doc'Toulouse n°3 (février 2015)