''Je choisis de venir au CDI plutôt qu’en étude, je m’engage à lire une demi-heure !'' telle est la devise des élèves du collège Massey à Tarbes. C'est la 2ᵉ année que leur professeure documentaliste réitère l'expérience et ça marche plutôt bien !

Année scolaire 2022-2023 = sonnette d'alarme, seulement 5 élèves sur 230 venaient lire une heure entière au CDI !

Le quart d'heure lecture hebdomadaire en classe s'essouffle rapidement et n'est pas réitéré le semestre suivant... Par ailleurs, la constitution de caisses de lecture par classe est complexe et vide les rayonnages du CDI. C'est au CDI que les livres sont, c'est donc au CDI que les élèves confortablement installés peuvent prendre le temps de lire. Sous l'impulsion d'un collègue en histoire-géographie, du livre de Michel Desmurgets ''Faîtes les lire'' aux éditions Seuil à l'appui, mais aussi de l'exemple donné par une collègue prof doc avec qui j'ai travaillé, je me suis donc lancée dans l'expérimentation. 
 

Lire améliore les apprentissages (attention, mémorisation, créativité, imaginaire, intelligence...) mais aussi contribue au bien-être des élèves (par identification aux sentiments du héros/héroïne, les élèves développent leur empathie et cela contribue à lutter contre le harcèlement scolaire). 
 

En s'engageant 30 minutes dans la lecture en début d’heure, les élèves n'ont pas le choix de faire autre chose (recherches documentaires sur Internet, devoirs, jeux de société). Par effet de groupe, un élève lecteur suivra ses camarades dans une autre activité. Aussi, sans moment lecture ''imposé'', le lecteur tend à disparaître ! Avec la mise en place de ce moment, cette ‘’honte’’ d’être seul à lire s’estompe. Une fois sur deux si je n’informais pas les élèves qu’il était la demie ou si aucun élève ne demandait si le moment de lecture était terminé, il est probable que les élèves liraient jusqu’à la fin de l’heure. En moyenne : seuls 2 élèves sur 15 poursuivent leur lecture jusqu’à la fin de l’heure. Les autres se jettent sur les ordinateurs pour regarder l'ENT ou Pronote, faire des recherches (les jeux éducatifs en ligne ne sont autorisés que de 13h à 14h) ou jouer aux échecs (deux jeux à leur disposition). 
 

De plus petits groupes viennent au CDI, en moyenne 10/15 élèves au lieu de 20/25 accueillis les années précédentes. Les autres rejoignent l’étude parce qu’ils ont des devoirs, révisions et ne veulent pas perdre de temps à lire, parce qu’ils ne veulent pas lire ou par effet de groupe (ainsi les 3ᵉ ne fréquentent pas le CDI).
 

Contre toute attente, ce dispositif a été favorablement accueilli par les élèves, il y a eu très peu d'incidents et fait incroyable, depuis la rentrée 2025, le rituel est en place ! Les élèves n'ont plus besoin d'être prévenus, ni dans la cour, ni une fois au CDI. Ils s'inscrivent et vont chercher un livre d'eux-mêmes et s'installent sur les fauteuils ou les poufs sans que j'ai prononcé le moindre mot. Les bavardages sont devenus plus rares. Je lance parfois quelques ''chut !'' car les lectures doivent être individuelles et sépare au besoin deux élèves. Si certains n’ont pas respecté le silence, je préfère leur faire remarquer à la fin du temps de lecture afin d’éviter de perturber le reste du groupe. Il est arrivé que j'écrive dans le carnet de correspondance à l'adresse des familles que leur enfant n'a pas respecté ce moment, mais cela reste très ponctuel. Aucune punition n'a été donnée. Le respect du dispositif ''Silence, on lit au CDI'' apparaît dans le règlement du CDI.
 

Parfois, un ou deux élèves vont mettre 10 minutes à se décider sur la lecture à choisir ou un élève va se déplacer deux ou trois fois pendant le temps de lecture pour choisir un autre livre, ce qui peut occasionner un peu de bruit, mais ne dérange pas les autres lecteurs.
 

Quelles sont leurs lectures ? Généralement des bandes dessinées (de fiction), plus rarement des mangas, des livres documentaires vulgarisés ou des romans. La relecture de leçons est autorisée si les élèves ont une évaluation dans l'heure qui suit. Ce moment de lecture ne favorise malheureusement que rarement les prêts. Pour les prêts, j'ai dû penser à une autre parade en collaboration avec mes collègues de français, mais ce projet fera l'objet d'un autre article !

 

 

 

[Article proposé par Adeline Wirrman, professeure documentaliste au collège Massey de Tarbes]