Pourquoi et comment apprendre aux élèves à gérer leurs émotions à l'école ?

Dans un contexte très anxiogène d'apparition et de propagation du Coronavirus, de confinement et de procédure de déconfinement appliquée dans les établissements scolaires, il apparaît indispensable d'aider les élèves à gérer leur stress et à développer leur intelligence émotionnelle.

Par le biais de l'animation d'ateliers de gestion des émotions, cette contribution vise à montrer combien le CDI peut être un formidable outil d'amélioration du climat scolaire dans les établissements et peut permettre de développer une pédagogie du vivre ensemble.

Nous verrons comment le positionnement spécifique des professeur-documentalistes leur permet de contribuer au quotidien à instaurer une meilleure compréhension de soi et des autres.

Écrit par Christine Vertès, professeur-documentaliste, collège Jean Monnet, Lacapelle-Marival, 46

Qu'est-ce que l'intelligence émotionnelle ?

- La racine étymologique du mot « émotion » est « MOTERE », du verbe latin « bouger », avec le suffixe « E » qui signifie « de », suggérant que dans chaque émotion il y ait une action → l’émotion est un mouvement. Les émotions sont des réactions qui engagent à la fois le corps et l'esprit. C’est un état affectif multidimensionnel qui s’accompagne de manifestations physiologiques, cognitives, expressives et subjectives.

- L'être humain exprime quotidiennement un grand nombre d'émotions. Les émotions sont perceptibles pour autrui à la fois par la parole mais aussi par l'expression du visage, la gestuelle et la posture. Il en existe une très grande variété avec leurs nuances, leurs combinaisons et leurs variantes.

- Paul Ekman, professeur de psychologie au Département de psychiatrie de l'université de Californie, est un des pionniers à s'être intéressé aux mécanismes par lesquels se traduisent les émotions. Il a défini l'émotion comme "l'état de conscience, agréable ou pénible, concomitant à des modifications organiques brusques d'origine interne ou externe."

Une partie de ses recherches portent sur les émotions fondamentales (1972). Il a montré que les expressions faciales correspondent à quatre émotions universellement connues : la peur, la colère, la tristesse et le plaisir. A ces quatre émotions essentielles, il a rajouté la surprise, le dégoût, la honte et le mépris. Les autres émotions en sont des nuances. Les émotions de base ont en commun un déclenchement rapide, une courte durée, une survenue spontanée, une évolution automatique et des réponses cohérentes.

 

Les émotions ont un rôle primordial dans les apprentissages

Les zones du cerveau

Les progrès des neurosciences et le développement des techniques d'imagerie cérébrale ont permis d'identifier trois grandes zones du cerveau ayant des fonctions différentes et interagissant ensemble. La théorie du cerveau ≪ triunique ≫, initiée par le neurologue Paul D. Mc Lean dans les années 60, a permis de proposer des pistes de fonctionnement du cerveau.

Le cerveau reptilien, qui constitue le tronc cérébral, à la base de notre cerveau, assure la survie de notre organisme grâce à un répertoire limité de comportements réflexes et instinctifs qui permettent la satisfaction de nos besoins essentiels.

Le système limbique, qui constitue les zones centrales du cerveau, est le siégé des émotions et le centre de création des souvenirs, il nous permet notamment l’établissement de liens affectifs, la vie sociale et l'apprentissage de comportements complexes.

Le néocortex enfin, qui constitue la plus grande partie du cerveau, est associe à des fonctions supérieures telles que la pensée et les actions cognitives. Les émotions ont un grand impact sur l'apprentissage. Les émotions désagréables (comme le stress, la peur, l’anxiété) peuvent rendre les apprentissages tres difficiles. En cas de stress, le cerveau secrète des hormones comme l’adrénaline et le cortisol. Quand le taux de cortisol est trop élevé dans le sang, il devient difficile de penser avec clairvoyance. Aucun apprentissage ne peut s'effectuer dans le stress ou la peur. Les neuroscientifiques ont démontré qu’on apprend mieux quand on est joyeux et détendu. Les émotions positives comme la confiance, l'approbation, la fierté, la sincérité, la passion, le plaisir, la gratitude, la tendresse, l'amour... rendent le processus de connexions neuronales plus efficace.

- Le développement du cerveau

Au cours du développement de l'enfant, les apprentissages permettent de créer des connexions entre les neurones et plus on utilise le cerveau pour créer des connexions neuronales, plus on apprend. La maturation du cerveau s'achevant vers 25 ans, les neurosciences montrent que la période de l'enfance et de l'adolescence est une période où le cerveau humain est particulièrement fragile. Les émotions négatives déclenchent un stress négatif qui coupe l’enfant de ses lobes frontaux. Il lui devient impossible de penser clairement ou de réfléchir. Les difficultés rencontrées dans les apprentissages sont nombreuses : troubles de la mémoire, difficulté de concentration et d’attention mais aussi comportements de fuite (absentéisme, rêverie), d’agressivité (violences verbales et/ou physiques), ou d’inhibition (blocages scolaires, trous de mémoire). Ces nombreux dysfonctionnements ne peuvent que conduire à de nombreuses difficultés scolaires.

 

Pourquoi apprendre à gérer ses émotions ?

Les émotions ont un impact sur 4 domaines de notre vie :

 

le bien-être, le moral.

Carl Rogers, psychologue humaniste américain, considère l'empathie comme un « processus d’entrée dans le monde perceptif d’autrui, qui permet de devenir sensible aux mouvements d’affects qui se produisent chez ce dernier, tout en gardant la conscience d’être une personne séparée de lui ». Carl Rogers relève l'importance des émotions et de l'empathie pour développer une qualité de relation et ainsi favoriser l'épanouissement de l'être humain. L'acceptation de ses sentiments et de soi-même permet une meilleure compréhension de son expérience personnelle. L'empathie est, pour lui, l’une des attitudes de base qu’une personne doit développer pour atteindre l’auto-réalisation. Cela nous permet de comprendre comment émotions et compétences sociales ont un lien direct avec le niveau de bien-être.

Les découvertes de neurolophysiologie ont montré que le processus d'empathie repose sur deux composants  majeurs. Le premier est une disposition innée et non consciente qui permet de ressentir que les autres sont comme nous et qui se développe dès le premier âge de l'enfant par l’activation de neurones miroirs à la simple observation d’une action chez un autre individu. Le second s'acquiert plus tardivement, avec le développement des capacités de manipulation des représentations mentales, et permet de pouvoir se mettre mentalement à la place d'autrui. « Nos capacités d'empathie sont par ailleurs modulées par notre attention et notre motivation ».

L'empathie est donc une notion complexe, constituée d’une dimension émotionnelle et d’une dimension cognitive. Ces deux dimensions, lorsqu’elles sont combinées, forment l’empathie mature qui permet à la fois de ressentir et de comprendre l’émotion d’autrui.

 

la santé physique

Le stress, consécutif à la colère, à la tristesse ou à la peur, a des effets négatifs sur notre santé physique.

 

la performance au travail ou à l’école

Les émotions positives (amour, confiance, gratitude, approbation, fierté, sincérité, passion, plaisir, affection, tendresse) boostent les performances, les émotions négatives (nostalgie, embarras, honte, méfiance, culpabilité, mélancolie, trac/timidité, répression, solitude, ennui) les diminuent.

 

Antonio Damasio, neurologue des émotions, professeur de neurosciences, de neurologie et de psychologie à l’Université de Southern California et Prix Prince des Asturies en 2005, est l'un des premiers à décrire le circuit cérébral des émotions dans la construction de l'individu. Il décrit notamment le rôle essentiel des émotions dans la réflexion, la prise de décision, le sens moral, les relations. "Ni bonnes, ni mauvaises, les émotions sont agréables ou désagréables et sont le reflet de nos souhaits et besoins profonds".

Les travaux de Maslow, psychologue américain, ont permis de classer les besoins humains par ordre d’importance en 5 niveaux hiérarchisés : les besoins physiologiques (faim, sommeil, contact corporel...), les besoins de sécurité (protection, stabilité, ordre, sentiment de propriété...), les besoins d'appartenance (affection, vie familiale, amitié, relations sociales,...), les besoins d'estime des autres et de soi-même (reconnaissance, réussite, confiance en soi, se sentir utile...) et les besoins d'accomplissement (créativité, développement personnel, autonomie, vie intérieure). L'intérêt de ce modèle réside dans le lien mis en évidence entre les motivations d'une personne et l’insatisfaction de certains de ses besoins. La prise en compte de la satisfaction des besoins de chaque élève et la reconnaissance et la prise en compte des besoins du groupe classe peuvent favoriser l'instauration d'un bon climat scolaire.

 

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Pyramide des besoins de Maslow et apprentissages

Source : Christophe Caron, I.E.N. Zone Maghreb-est/Machrek - Les besoins selon Maslow et les implications en classe

 

Cette pyramide peut également permettre d'aider au repérage d'élèves à besoins particuliers dans une perspective d'une plus grande individualisation des prises en charge et personnalisation des parcours éducatifs des jeunes.

La Discipline Positive, approche de l’éducation basée sur les philosophies d’Alfred Adler (1870-1937) et de Rudolf Dreikurs (1897-1972), tous deux psychiatres autrichiens, est fondée sur une approche globale de l'individu, qui tient compte du ressenti, des pensées et des actions de l’individu mais aussi de son contexte familial, social et professionnel. Cette méthode repose sur 5 critères fondamentaux :

  • Aider les enfants à avoir le sentiment d’être connectés et développer le sentiment d’appartenance et d’importance.
  • Se baser sur le respect mutuel et l’encouragement avec à la fois bienveillance et fermeté.
  • Être efficace à long terme.
  • Enseigner des compétences sociales et des compétences de vie importantes : Le respect, l’attention aux autres, la résolution de problèmes et la coopération ainsi que la capacité à participer à la vie de la famille, de l’école ou de la communauté au sens large.
  • Inviter les enfants à découvrir leurs capacités et développer ainsi leur autonomie et leur estime de soi.

Cette méthodologie permet d'appréhender différemment les comportements inadaptés des enfants et de les considérer plutôt comme des besoins de reconnaissance ou d'appartenance à un groupe. Cela permet également de repenser le statut de l'erreur qui favorise l'apprentissage au lieu de le limiter.

La discipline positive propose notamment un outil qui permet de décrypter les cinq besoins fondamentaux d’un enfant, les croyances cachées derrière le comportement et les objectifs mirages de l'enfant : la grille d'identification des besoins.

La roue des émotions est un outil, notamment inspirée de la psychologie positive, qui permet d'identifier le besoin qui s’exprime à travers l’émotion. Les neurosciences et les techniques poussées d’imagerie cérébrale ont prouvé que pour les enfants et les adolescents, cette compétence favorise les apprentissages. Ainsi, en nommant leurs émotions et leurs besoins, ils peuvent en prendre soin, les mettre à distance, se rendant plus disponibles aux apprentissages et activités cognitives et intellectuelles.

 

les relations avec les autres

Le développement des compétences émotionnelles permet de favoriser le bien-être psychologique, la santé physique ainsi que la qualité des relations sociales et la réussite professionnelle. Selon les études scientifiques, les personnes aux compétences émotionnelles élevées sont, en moyenne, plus heureuses et ont davantage confiance en elles (certaines émotions rapprochent, d’autres éloignent).

 

Identifier les compétences émotionnelles

 

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Carte mentale_Pourquoi identifier les émotions

Carte mentale utilisée en classe : Pourquoi identifier les émotions ?

 

Les compétences émotionnelles sont au nombre de 5.

 

Identifier ce que l'on ressent

  • augmenter son vocabulaire émotionnel
  • apprendre à décoder les émotions des personnes avec qui on interagit pour mieux s'adapter à leur humeur, leurs besoins et leurs attentes.

Technique des 3 portes pour identifier ses propres émotions :

Pour explorer un ressenti  éprouvé suite à un événement: imaginer que l'on pousse une des 3 portes d'identification de l'émotion :

  • les modifications à l'intérieur du corps : les battements du cœur, la respiration accélérée...
  • l'esprit et la pensée (je déteste celui qui a fait ça....)
  • l'action que j'ai envie d'entreprendre (je sens que je vais partir...).

 

Comprendre les causes de l'émotion

  • Savoir faire le lien entre une situation et l'émotion ressentie.
  • Nous informer sur l'état de satisfaction de nos besoins et en prendre conscience pour pouvoir agir et tenter d'en prendre soin. Cela permet d'être réactif aux contrariétés quotidiennes. Par exemple, la honte révèle un besoin d'affiliation au groupe, la peur, un besoin de sécurité.
  • Comprendre ce qui a déclenché une émotion chez une personne permet de réagir de façon adéquate et aide à faciliter les relations interpersonnelles.

 

Écouter ses émotions et les exprimer de façon efficace

Certaines études scientifiques montrent que plus on exprime ses émotions, plus on est heureux. Pour d'autres, exprimer ses émotions peut être contre-productif. En effet, exploser de colère n'aurait pas un effet cathartique mais prolongerait le mal-être.

Une méthode pour exprimer ses émotions de façon efficace :

  1. décrire la situation vécue sans jugement.
  2. dire ce que l'on ressent, utiliser le je au lieu d'un tu accusateur.
  3. expliquer pourquoi le comportement d'autrui est lié à la manière dont vous vous sentez.
  4. proposer une solution concrète, demander à la personne ce qu'elle suggère pour résoudre ce problème.
  5. terminer par une note positive

 

Réguler ses émotions

La régulation émotionnelle est une compétence fondamentale pour notre vie sociale. Les personnes qui gèrent mal leurs émotions ont en moyenne moins d'amis et des relations amoureuses de moins bonnes qualités et sont en moins bonne santé physique. Accepter ses émotions, même négatives, avec bienveillance permet souvent de réduire leur intensité et de décider de manière plus posée la meilleure façon de réagir. Un principe fondamental en psychologie des émotions est que celles-ci dépendent moins des événements qui nous arrivent que de la perception de l'on en a. Changer ses perceptions d'une situation permet de changer les émotions elles-mêmes !

3 conseils pour bien réguler ses émotions :

  • S'immerger totalement dans l'événement que l'on vit permet de mieux le savourer
  • Éviter les routines pour faire des petits plaisirs des moments spéciaux.
  • Prendre conscience de la chance que l'on a. Passer en revue les côtés positifs de son existence, dire merci à la vie, rend plus heureux. Des études scientifiques ont montré que le fait de noter sur un carnet, une fois par semaine, entre 3 à 5 choses pour lesquelles nous éprouvons de la gratitude, augmente le sentiment de bonheur.

 

Savoir utiliser ses émotions.

  • Utiliser ses émotions comme des guides pour faire des choix de vie.

    Sans émotion, il est impossible de choisir., mais submergé par ses émotions, il est difficile de prendre les bonnes décisions. Les personnes compétentes émotionnellement accordent de l'importance à l'intuition liée à leur ressenti émotionnel, mais l'utilisent comme une source d'informations comme une autre.

    Développer cette compétence permet de savoir adapter son emploi du temps en fonction de ses états émotionnels (la joie favorise la créativité, la tristesse favorise un travail lent et minutieux).
     
  • Utiliser les émotions pour développer des relations interpersonnelles plus harmonieuses. Plusieurs études en psychologie ont révélé que l'on a plus de chances de motiver durablement des enfants à faire de leur mieux en les amenant à se sentir fiers d'eux qu'en suscitant la peur ou la colère.

 

Quelles sont les plus-values pédagogiques pour les élèves ?

Mieux se connaître : identifier ses ressentis émotionnels, savoir nommer les émotions et exprimer ses besoins.

  • Favoriser l'acquisition de compétences dans le domaine de la langue de scolarisation. Acquérir des connaissances en donnant du sens : prise en compte de la dimension linguistique.
  • Réduire les inégalités sociales en permettant aux élèves vulnérables d'acquérir ce vocabulaire des émotions. Les élèves vulnérables sont « tous les élèves qui dépendent de l'école pour parvenir à comprendre et à apprendre le large spectre des codes culturels intégrés dans l'utilisation formelle de la langue » (Fleming, 2009),. Ils ne bénéficient pas d'un milieu qui inclut la socialisation dans les usages académiques de la langue (Rébecca Dahm, La dimension langagière dans la construction des savoirs scolaires).

Pouvoir gérer ses problèmes : apprendre à résoudre calmement ses problèmes, développer le contrôle de soi, mieux affronter ses soucis.

Avoir une source de motivation : savoir se fixer des objectifs à atteindre. Prendre des initiatives en y étant complètement engagé. Développer sa créativité et son intérêt pour l'innovation.

Développer l'empathie : améliorer ses relations interpersonnelles et la compréhension des autres. Encourager la parole de l'élève dans le cadre d'un contrat de confiance. L’apprentissage de savoir-être(s), de la gestion personnelle des conflits et de ses émotions permet aussi l’affirmation de soi, tout en développant les relations aux pairs.

Adopter une pensée positive : développer l'optimisme, l'estime de soi et la confiance en soi. Favoriser la pensée positive va de pair avec la motivation, la mise en action en ménageant tous ses efforts possibles.

Apprendre à se détendre : mieux savoir gérer son stress, apprendre à se relaxer, se sentir en sécurité affective.

Être persévérant : encourager la patience et la persévérance, qui viennent du contrôle de soi.

Agir sur le climat scolaire : définir et mettre en place une progression dans l'apprentissage des émotions au sein de l'école permet de valoriser des stratégies pédagogiques axées sur la qualité de vie à l'école, la convivialité scolaire et le bien-être, un des leviers d'un bon climat scolaire.

Aider les élèves à réussir : avec le développement de la motivation et l’estime de soi, l'intelligence émotionnelle est un des levier fondamental de la réussite scolaire.

 

Éduquer la métacognition, la clé du succès pour les enfants !

En participant à l'Accompagnement Personnalisé, des co-interventions, des projets interdisciplinaires avec des enseignants, la vie scolaire ou l'infirmière, des activités dans le cadre des Parcours, l'enseignant-documentaliste contribue à faciliter les apprentissages de l'élève et notamment l'acquisition de compétences relevant du domaine 2 du socle commun des connaissances : les méthodes et outils pour apprendre. Le site Eduscol incite à mener des activités, qui doivent «favoriser l'autonomie et l'acquisition de méthodes de travail, par exemple en veillant à la compréhension du travail attendu et à l'organisation personnelle ; renforcer la culture générale (…) en favorisant le développement de talents particuliers et de potentiels d'excellence».

« Il s’agit désormais de prendre en compte l’élève de manière holistique, et de l’amener à se fixer des buts d’apprentissage (dans un cadre contraint), à choisir et à mettre en œuvre des stratégies afin de parvenir à réaliser une tâche de manière autonome » [Rebecca Dahm, L’accompagnement personnalisé : rupture ou continuité entre pratiques d’enseignement ?]

L'acquisition de savoirs et de connaissances autour du développement de l'intelligence émotionnelle doit inclure un accompagnement métacognitif : faire découvrir et comprendre à l'enfant les « gestes mentaux » qu'il doit utiliser pour résoudre un problème, « se construire un répertoire de stratégies mobilisables en prenant conscience de son activité mentale en situation d'apprentissage.... Le cadre théorique convoqué relève de l’étude de la métacognition, des neurosciences, de la théorie des intelligences multiples (Gardner, 1983) ou des approches plurielles.... Les activités proposées visent à développer les stratégies de réalisation de tâche ainsi que les stratégies de communication. L’élève sera également amené à prendre conscience de l’importance de la dimension mnésique de l’apprentissage » [id.]

Savoir se fixer un but, planifier les étapes pour y arriver, prendre conscience de ses propres pensées et émotions, tout cela s'entraîne par les méthodes aujourd'hui validées : apprendre à verbaliser ses actions mentales, comprendre les stratégies qu'on utilise et trouver le bon vocabulaire.

 

Au CDI et dans la classe, des outils pour développer l'intelligence émotionnelle des enfants au collège

Des documents sur les émotions pour les élèves et l'équipe éducative, une sélection à découvrir :

  • Une vidéo pédagogique pour comprendre le fonctionnement du cerveau émotionnel. Le cerveau dans la main : une animation pour aider les enfants à gérer leurs émotions, Les éditions Les Arènes, https://www.youtube.com/watch?v=9aONSCU9v_w
  • La roue des émotions, Caroline Jambon, apprendre à éduquer, https://apprendreaeduquer.fr/roue-des-emotions-enfants/
  • La communication non violente, Canopé, https://www.reseau-canope.fr/savoirscdi/fileadmin/fichiers_auteurs/cdi_…
  • Gratuits : 3 jeux pour se familiariser avec la Communication Non Violente en famille (Schéma : les 4 étapes de la communication non violente, les feuilles de sentiments, les cartes des besoins, le jeu des girafes et des chacals), Apprendre à éduquer, https://apprendreaeduquer.fr/communication-non-violente-dans-les-confli…
  • L’expression de la colère : utiliser l’énergie de la colère pour servir nos besoins plutôt que pour attaquer les autres, Apprendre à éduquer, https://apprendreaeduquer.fr/affiche-exprimer-colere-communication-non-…
  • Éducation émotionnelle : un tableau pour comprendre les émotions et les apprivoiser, Apprendre réviser mémoriser, https://apprendre-reviser-memoriser.fr/wp-content/uploads/2019/06/table…
  • Mémo en 7 étapes pour accueillir pleinement les émotions et les utiliser, Apprendre à éduquer, https://apprendreaeduquer.fr/memo-accueillir-utiliser-les-emotions/
  • L'apprentissage de l'estime de soi. Treize fiches pédagogiques pour l'éducation à la non-violence et à la paix, Coordination française pour la Décennie, Réseau école et non-violence, 2009, http://education-nvp.org/wp/wp-content/uploads/2012/12/Dossier-p%C3%A9d…
  • L'univers des sensations, L'expression des besoins, Le langage des émotions : 3 jeux de cartes illustrées, repères théoriques et pistes d'utilisation, FCPPF, 2015
  • Cartes de sentiments et de besoins. La communication bienveillante, ACNV-BF asbl Communication Non Violente, 2013 : 52 cartes pour faire le lien entre un ressenti (cartes sentiments) et un besoin satisfait ou non (cartes besoins).
  • Recherche sur le yoga dans l'éducation, exercices, https://rye-yoga.fr/exercices
  • Les programmes de méditations avec Petit Bambou, Benjamin Blasco-Martinez et Ludovic Dujardin, application gratuite, https://www.petitbambou.com/fr/programs
  • Petit décodeur illustré de l'adolescent en crise, Lynda Corraza, 2019, 192 p.
  • Non, votre ado n'est pas feignant, Nathalie Anton, 2017, Eyrolles, 2017, 189 p.
  • André Giordan, J'apprends à apprendre au collège en 40 fiches, Playbac, 2016, 191 p.
  • Guide pour enseigner autrement selon la théorie des intelligences multiples, CM1-CM2-6ème (1 DVD), Véronique Garas et Claudine Chevalier, Retz, 2018, 320 p.
  • L'éducation émotionnelle : de la maternelle au lycée, MC Bouuaert et S. Merten, Souffle d'or, 2014, 240 p.
  • Journal pour gérer ma colère, Raychelle Cassada Lohmann, La boîte à Livres, 2011, 130 p.
  • Imagine-toi dans la caverne de Platon... : Exercices de méditation à faire au lycée et à la maison (1CD audio), Jacques de Coulon, Payot, 2015, 217 p.
  • Comment ne pas finir comme tes parents, Soizic Michelot et Anaël Assier, Les Arènes, 2016, 250 p.
  • Méditer avec Petit Bambou, Benjamin Blasco-Martinez, Marabout, 2019
  • Tout est là, juste là : méditations en pleine conscience pour les enfants et les ados aussi, Jeanne Siaud-Fachin, 2014, 400 p.

 

Développer son intelligence émotionnelle : élaborer une progression des apprentissages de la 6ème à la 3ème

  • 6ème : identifier des situations anxiogènes à l'école, connaître des méthodes pour se relaxer et les pratiquer selon ses préférences.
  • 5ème : s'entraîner à l'identification et la compréhension des émotions, être à l'écoute des émotions des autres, découvrir des techniques de respiration et de relaxation pour faire diminuer le stress et apprendre à créer sa bulle de protection.
  • 4ème : identifier les émotions chez soi et chez l'autre, savoir les nommer, être à l'écoute des émotions des autres, développer son empathie, jouer au jeu Feelings.
  • 3ème : mesurer son intelligence émotionnelle, s'entraîner à l'identification de ses propres émotions et besoins, faire le lien entre une émotion et un événement déclencheur, apprendre à identifier et être à l'écoute des émotions des autres, découvrir des techniques de respiration et de relaxation pour faire diminuer le stress et créer sa bulle de protection.

 

Les outils, le descriptif des séances pédagogiques proposées sont mis en ligne sur le padlet : Apprendre à gérer ses émotions au collège

 

Écrit par Christine Vertès, professeur-documentaliste, collège Jean Monnet, Lacapelle-Marival, 46

 

Sources :

  • Cairn.info, Édith Simon, Processus de conceptualisation d'« empathie », https://www.cairn.info/revue-recherche-en-soins-infirmiers-2009-3-page-…
  • Michel Claeys Bouuaert, L’éducation émotionnelle de de la maternelle au lycée, http://www.education-emotionnelle.com/wp-content/uploads/2012/08/L%C3%A…
  • Les besoins selon Maslow et les implications en classe, Christophe Caron, I.E.N. Zone Maghreb-est/Machrek, http://www.bpep-tunis.ac-versailles.fr/spip.php?article397
  • Rébecca Dahm, La dimension langagière dans la construction des savoirs scolaires, https://www.youtube.com/watch?v=R5y_PPEi5kQ
  • Prise de conscience de la dimension linguistique des disciplines à l'échelle d'un établissement scolaire : enjeu majeur pour la réussite des élèves vulnérables, 8/04/2019, https://scanr.enseignementsup-recherche.gouv.fr/publication/hal-01915716
  • Permettre aux apprenants plurilingues d’améliorer leurs résultats scolaires ne peut se faire sans prendre en compte le concept de « langue(s) de scolarisation » qui est la langue utilisée pour l'enseignement des différentes matières scolaires ainsi que pour le fonctionnement des établissements scolaires (Comité des Ministres (Conseil de l'Europe, 2014). Bien souvent, on considère que la réflexion sur la/les langue(s) de scolarisation ne s’adresse qu’aux élèves allophones nouvellement arrivés (EANA), or il cible tous les élèves dits « vulnérables » (Fleming, 2009) qui dépendent de l’école pour développer la langue de scolarisation, c’est-à-dire la langue habituellement utilisée pour enseigner les différentes matières scolaires et pour faire fonctionner l’établissement. Dans cette communication, je présenterai tout d’abord les résultats d’une recherche qui a exploré les effets du plurilinguisme sur les performances en mathématiques. Puis je présenterai le projet du Centre européen des langues vivantes (CELV, Conseil de l’Europe) intitulé « La/les langue(s) de scolarisation : une feuille de route pour les établissements scolaires ». Il s’agit, en effet, d’amener les enseignants de mathématiques à prendre conscience de la dimension linguistique de leur discipline, par une action conjointe menée au niveau de l’établissement scolaire.
  • Rebecca Dahm, Hélène Rochard, André Tricot, L’accompagnement personnalisé : rupture ou continuité entre pratiques d’enseignement ? https://www.researchgate.net/publication/318019408_L%27accompagnement_p…
  • Des besoins éducatifs des élèves aux élèves à besoins éducatifs particuliers : une nouvelle posture à l'école, au collège, au lycée, IA-DASEN du Lot, http://cache.media.education.gouv.fr/file/VIE_DE_L_ELEVE/92/3/Guide_EBE…
  • Dr Catherine Guéguen, Heureux d'apprendre à l'école, 2018
  • Caroline Jambon, Apprendre à éduquer, 8 outils pour développer l’intelligence émotionnelle des enfants à l’école, https://apprendreaeduquer.fr/developper-lintelligence-emotionnelle-des-…
  • Térésa Lasala, Jody MC Vittie, Suzanne Smitha, Discipline positive dans l'établissement et dans la classe : guide pour la mise en place globale de la démarche, éditions du Toucan, 2015, 143 p.
  • La discipline positive pour les adolescents : comment accompagner nos ados, les encourager et les motiver, avec fermeté et bienveillance, Jane Nelsen, Éditions du Toucan, 2014, 384 p.
  • Serge Tisseron, Petits laboratoire d'empathie, https://sergetisseron.com/petits-laboratoires-dempathie/